Certains ont souligné l’absence de réaction de la part de la France, déjà pointée du doigt pour ses ventes d’armes à Riyad.
« Choquant », « odieux », « alarmant ». Depuis hier, les adjectifs se succèdent pour dénoncer l’exécution de 37 personnes par le régime saoudien, mardi 23 avril, officiellement pour des raisons de « terrorisme ».
« Je condamne fermement ces exécutions massives choquantes dans six villes d’Arabie saoudite hier, en dépit des graves préoccupations exprimées au sujet de ces cas par de nombreux rapporteurs spéciaux de l’ONU », a déclaré Michelle Bachelet, haute-commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies.
« Le royaume de Riyad vient d’exécuter 37 personnes. Une hausse alarmante de l’application de la peine de mort dans un pays où au moins 104 personnes auraient déjà été exécutées depuis le début d’année », s’est indignée de son côté l’ONG Amnesty International, qui renseigne qu’ « en 2018, l’Arabie saoudite a procédé au total à 149 exécutions. »
D’après le Bureau des droits de l’Homme de l’ONU, au moins trois personnes exécutées étaient des mineures au moment de leur condamnation à mort, pour « participation à des manifestations antigouvernementales », selon un communiqué onusien. « La plupart des 37 hommes appartenaient à la minorité musulmane chiite, et certains avaient également participé à des manifestations », indique-t-il également.
Amnesty International estime que « l’exécution collective qui a eu lieu hier témoigne du mépris dont font preuve les autorités saoudiennes à l’égard de la vie humaine. Elle indique de manière choquante que la peine de mort sert d’outil politique pour écraser la dissidence au sein de la minorité chiite du pays. » D’autant plus choquante, révèle l’ONG, qu’elle a été appliquée « à l’issue d’un procès inique ».
Absence de réaction de la France
Selon le communiqué du ministère saoudien de l’Intérieur, publié par l’agence SPA, les 37 condamnés pour « terrorisme » avaient « adopté la pensée terroriste et extrémiste, et formé des cellules terroristes dans le but de commettre des ravages, déstabiliser la sécurité, répandre le chaos, inciter à la sédition sectaire et heurter la stabilité sociale ainsi que la sécurité ». Ils auraient, selon le texte, fait « preuve de déloyauté en collaborant avec des parties hostiles visant à mettre à mal les intérêts ultimes de la nation ».
« J’exhorte le gouvernement de l’Arabie saoudite à réexaminer immédiatement sa législation antiterroriste et à modifier la loi pour interdire expressément l’imposition de la peine de mort à des mineurs », s’est exprimée en retour Michelle Bachelet. Qui n’a pas manqué de rappeler à Riyad qu’elle devait respecter le droit international relatif aux droits humains, en tant qu’Etat partie à la Convention relative aux droits de l’enfant et à la Convention contre la torture.
Quelques mois après l’exécution du journaliste dissident Jamal Khashoggi, alors que les critiques internationales commençaient à se taire, l’Arabie saoudite est donc de nouveau pointée du doigt pour ses pratiques barbares. Certains n’ont pas manqué de souligner, en revanche, l’absence de réaction de la part de la France, déjà vivement critiquée pour ses ventes d’armes aux Saoudiens, dont certaines ont été utilisées au Yémen, selon les révélations récentes de Disclose.
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