Le ministre égyptien des Affaires étrangères présidera la prochaine Conférence mondiale sur le climat en novembre.
L’Égypte, qui accueillera le prochain sommet des Nations unies sur le changement climatique, souhaite inciter les pays à tenir leurs promesses quant aux réductions des émissions de gaz à effet de serre, et faciliter les discussions « non contradictoires » sur l’indemnisation des pays en développement pour les conséquences du réchauffement climatique. Le Caire, également, devrait permettre aux militants pro-climat de manifester, a déclaré le président de la COP27.
Dans une interview accordée lundi à l’agence américaine Associated Press (AP), le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, président désigné de la prochaine conférence annuelle des parties, qui se tiendra en novembre dans la station balnéaire de la mer Rouge, Charm El-Cheikh, a qualifié l’objectif global de « mise en œuvre » – sous-entendu des « avancées » enregistrées jusqu’à présent en matière de lutte contre le dérèglement climatique.
Responsables
Selon M. Shoukry, le dernier sommet, qui s’est tenu l’année dernière à Glasgow, en Écosse, a permis de finaliser de nombreux engagements pris lors de l’Accord de Paris, en 2015, qui visait à réduire les émissions dans le but de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C depuis l’ère préindustrielle.
« Les engagements et les promesses doivent maintenant être mis en œuvre dans tous les secteurs du programme de lutte contre le changement climatique, qu’il s’agisse de l’adaptation, de l’atténuation ou du financement, des pertes et des dommages », a déclaré le chef de la diplomatie égyptienne, qui participait au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.
Ces dernières années, de nombreux pays en développement et militants ont multiplié les appels en faveur de la création d’un fonds destiné à dédommager les pays pauvres des ravages causés par le changement climatique, dont les pays riches sont responsables de manière disproportionnée en raison de leurs émissions passées.
Cet appel a été plus ou moins ignoré lors du sommet de l’année dernière. De nombreux partisans de l’idée, souvent appelée « pertes et dommages », espèrent progresser sur ce point en novembre prochain. Leurs arguments pourraient être renforcés par la portée symbolique de cette conférence qui se tient en Égypte, un pays en développement d’Afrique du Nord.
« Nous espérons que la discussion [sur les pertes et dommages] sera exhaustive, mais non contradictoire », a déclaré M. Shoukry, ajoutant que tous les pays devraient reconnaître « que nous sommes tous dans le même bateau et que pour réussir, nous devons tous réussir ».
Manifestations
Le président de la future COP27 a par ailleurs déclaré que les manifestations seraient autorisées pendant la conférence. Les autorités égyptiennes répriment généralement les manifestations qui ne sont pas autorisées par le gouvernement, et se réservent le droit d’annuler ou de reporter toute « démonstration » publique, ce qui a amené les militants à se demander quelles manifestations pourraient avoir lieu, le cas échéant, comme ce fut le cas lors des précédentes COP.
« Nous développons une installation adjacente au centre de conférence qui leur donnera la possibilité de participer, de militer, de manifester et d’exprimer leur opinion, a déclaré M. Shoukry, et nous leur donnerons également accès, comme cela se fait traditionnellement pour une journée de négociations, à la table de négociation elle-même. »
Avant d’accueillir la conférence, l’Égypte s’est empressée de lancer de nombreux accords sur les énergies renouvelables. En mars, elle a signé, avec la Norvège, un accord portant sur plusieurs projets relatifs à l’hydrogène vert et à la construction d’infrastructures durables dans les pays africains. Le Caire et la société d’énergie propre Scatec ont également signé un protocole d’accord de 5 milliards de dollars pour établir une usine dans la région du canal de Suez, afin de produire de l’ammoniac vert à partir d’hydrogène vert. Ces accords s’inscrivent dans le prolongement d’années d’investissements réguliers dans les technologies éoliennes et solaires.
M. Shoukry a déclaré que l’Égypte s’appuyait autant que possible sur les énergies renouvelables pour la construction de plusieurs nouvelles villes, dont une nouvelle capitale administrative à l’est du Caire. Les critiques ont qualifié ce projet de « vanité », mais le gouvernement a déclaré qu’il était nécessaire pour absorber la population en plein essor du Caire, qui devrait doubler pour atteindre 40 millions de personnes d’ici 2050.
Crédits photo : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, en 2018 (Wikimedia Commons).