Cette semaine, l’Organisation des Nations unies fête ses 73 ans… d’inefficacité ? Pas tout à fait.
Le 26 juin, tous les ans, les Nations unies (ONU) soufflent leurs bougies. Mardi, elles le feront sans doute dans la plus stricte intimité. Créée au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, en 1945, pour effacer les errements de la Société des Nations – qui n’avait pas su empêcher le conflit le plus meurtrier de l’Histoire -, l’organisation s’était donnée pour but, à San Francisco, de faciliter le dialogue international afin d’éviter de nouveaux conflits. 73 ans après, c’est peu dire que ces objectifs semblaient bien trop élevés. Et l’ambition, belle mais candide. L’actualité du monde arabe, cette région du globe aux mille-et-uns soubresauts, nous le rappelle un peu plus chaque jour. La Syrie, en particulier.
Tapis rouge
Fin février dernier, le Conseil de sécurité, organe à 15 têtes aux pouvoirs immenses mais à l’efficacité réduite, s’égosille pour tenter de trouver une solution à la recrudescence de la violence dans la Ghouta orientale. Ce bastion rebelle, situé dans la banlieue de Damas, la capitale syrienne, fait face aux bombardements incessants du régime de Bachar al-Assad et de son allié fidèle, la Russie, et compte morts et blessés par centaines, impuissant. Pendant ce temps, à plusieurs milliers de kilomètres de là, des tailleurs et complets se battent – avec des mots – pour faire asseoir leur point de vue. La question : comment faire cesser le massacre en Syrie ?
Américains et Russes, on s’en souvient, multiplient les amabilités. Les premiers accusent les seconds de dérouler le tapis rouge au chef de l’Etat syrien pour qu’il continue de bombarder tranquillement sa population ; les seconds reprochent aux premiers de se laisser instrumentaliser par les médias anti-Assad et, surtout, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), souvent soupçonné de rouler pour l’opposition syrienne. Après plusieurs veto russes, pourtant, le Conseil de sécurité parvient à adopter un cessez-le-feu dans la Ghouta orientale. Une joie de courte durée, puisque l’arrêt des combats se fait toujours attendre – ceux-là, surtout, se sont déplacés.
Pays arabe
Quels enseignements tirer de cet épisode – parmi tant d’autres – si ce n’est que l’ONU montre, de crise en crise, que l’idéal n’habitera jamais ce monde ? Le système des Nations unies, souvent inefficace pour prévenir – et régler – les dérapages de la société internationale, n’en est pas moins nécessaire. « L’ONU est le pire des moyens, à l’exception de tous les autres » aurait pu professer un Premier ministre britannique. Son rôle, aujourd’hui comme hier, n’est pas – ne peut pas être – de préserver la paix. Tout au plus est-elle un instrument pour remédier à l’occurrence d’un conflit – ne nions pas les innombrables efforts humanitaires faits chaque jour un peu partout sur la planète.
Mais ce qui interpelle, d’année en année, se trouve ailleurs. Dans cette dénomination, par exemple : « membre permanent ». Ce n’est pas faute de le répéter : comment les Nations unies peuvent-elles prétendre bien agir, au 21ème siècle, en continuant de ne représenter que les intérêts du siècle passé ? Lancinante rengaine dont on désespère qu’elle aboutisse un jour à des actes concrets. Certains du « club des 5 », pourtant, ne sont pas opposés à une évolution de leur mode de fonctionnement. Accueillir l’Allemagne, le Brésil, l’Inde, le Japon, dans les rangs « permanents », pourquoi pas ? Et un pays arabe ? La question mérite d’être posée. Et reposée.
