Laâyoune, nouveau hub économique régional de l’Afrique de l’Ouest

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25.06.2019

Alors que la Royal Air Maroc vient d’inaugurer sa nouvelle base aérienne à Laâyoune dans le Sahara marocain, la capitale régionale est éprise d’un dynamisme économique sans précédent. Les investissements du transporteur sont symptomatiques du développement de toute la zone, dont le fort potentiel est mis en valeur par les autorités marocaines.

 

La Royal Air Maroc mise sur Laâyoune

 

Depuis le 11 juin, l’aéroport international « Laâyoune Hassan Ie r  » fait office de base régionale pour la Royal Air Maroc (RAM). Le programme mis en place par la compagnie nationale marocaine permettra de desservir les villes d’Agadir, Dakhla, Marrakech, Smara et Guelmim à raison de deux fréquences hebdomadaires pour chacune de ces destinations domestiques, ainsi que Las Palmas aux Canaries à raison de trois fréquences par semaine.

Située dans les Provinces du Sud du pays, près de la côte Atlantique, Laâyoune est l’une des plus grandes villes marocaines. Une cité qui n’a pas toujours bénéficié de la même exposition économique et touristique que les autres aires urbaines du Nord, comme Rabat, Casablanca ou Marrakech. Mais depuis plusieurs années Laâyoune prend sa revanche : les touristes affluent pour découvrir cette véritable « porte du Sahara » et les investissements se multiplient. La nouvelle base aérienne de la compagnie nationale marocaine est d’ailleurs représentative et symptomatique de ce dynamisme.

Laâyoune est désormais accessible depuis plusieurs régions du Royaume en moins de deux heures et permet d’accéder aux Canaries en moins d’une heure. Une position stratégique qui permet ainsi à la RAM de faire passer à 11 le nombre de ses trajets reliant directement deux villes marocaines sans passer par le hub de Casablanca.

Issu d’une convention de partenariat avec le Conseil de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, le développement de l’aéroport Hassan Ier vise à encourager le transport aérien domestique qui est, selon les mots du président directeur général de la RAM, Abdelhamid Addou, « un outil fondamental au service du désenclavement des territoires » qui permet de « contribuer efficacement au développement économique et social des régions ». C’est la raison pour laquelle les vols proposés par la RAM depuis Laâyoune sont à prix fixes et abordables, de 300 à 650 dirhams (de 28 à 60 €).

 

Une région prête au décollage

 

Le développement de l’aéroport de Laâyoune s’inscrit plus largement dans une série de grands chantiers de développements initiés par le Roi Mohammed VI. Ainsi en novembre dernier, les autorités marocaines organisaient un grand « Forum d’affaires France-Maroc » dans la ville, visant à convaincre les 200 entrepreneurs présents d’investir dans une région bénéficiant certes d’une fiscalité avantageuse, mais avant tout présentée comme un modèle de développement territorial. Comme l’expliquait alors à l’AFP la secrétaire d’État au commerce extérieur marocain, Rokia Derham, le Sahara marocain est « une région très riche : il y a un grand potentiel dans l’industrie, la pêche, l’agriculture ou l’offshoring… On souhaite voir venir les investisseurs étrangers ».

Le plan de développement régional (PDR) de Laâyoune-Sakia-El Hamra prévoit, à l’horizon 2022, des investissements de l’ordre de 49 milliards de dirhams (4,5 milliards d’euros), dont 6 milliards (550 millions d’euros) en provenance du secteur privé. Signe de l’attractivité et du potentiel de la région, le géant marocain du phosphate OCP assure d’ores et déjà y réaliser plus d’investissements que de profits.

Cependant, les autorités marocaines ont annoncé leur volonté de concentrer leurs efforts et leurs investissements sur plusieurs secteurs stratégiques, notamment les industries chimiques, les énergies renouvelables, les infrastructures universitaires et la santé (construction d’un CHU à Laâyoune et d’un hôpital provincial à Tarfaya).

S’ajoutent à cela des projets d’aquaculture, d’équipements hydriques, de développent de la mobilité (avec par exemple la réalisation de la voie express Goulmim-Laâyoune) et de zones industrielles et logistiques. Le PDR porte également un ambitieux plan de mise à niveau urbain et rural dont Laâyoune se veut la vitrine avec son immense bibliothèque, sa piscine olympique, son théâtre, ses terrains de sports dernier cri et ses esplanades ornées de fontaines et de palmiers.

Plus au sud, les autorités marocaines misent sur le tourisme pour développer la ville de Dakhla. Avec de grands événements comme l’étape annuelle du championnat du monde de kitesurf ou le prochain festival international de la mode africaine, le climat chaud et sec et la magie du désert devraient attirer de nombreux voyageurs. Cette politique volontariste vise la création de 25 000 emplois d’ici 2022 dans une région située aux portes de l’Afrique subsaharienne. Une situation stratégique à bien des égards, mais qui ne pourra être pleinement être mise en valeur qu’avec le développement du transport aérien, qualifié par le président du conseil de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, Sidi Hamdi Ould Errachid, de « pilier de base (…) pour l’amélioration du climat d’affaires ».

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