L’administration américaine a déjà réduit, cette année, sa contribution à l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.
Les Etats-Unis ont déclaré, vendredi, qu’ils avaient annulé plus de 200 millions de dollars d’aide aux Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie. Dont l’ambassadeur n’a pas hésité à accuser l’administration du président américain, Donald Trump, de conduite « anti-paix ». Un haut fonctionnaire du département d’Etat (le ministère américain des Affaires étrangères), au contraire, a déclaré que la décision, prise « sous la direction du président », résultait d’un examen des programmes d’aide aux territoires palestiniens. Les fonds précédemment alloués à des programmes en Cisjordanie et à Gaza vont désormais « s’attaquer à des projets prioritaires ailleurs » a-t-il déclaré.
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Le responsable américain, cité par l’AFP, estime que ce choix « prend en compte les défis auxquels la communauté internationale doit faire face pour fournir une assistance à Gaza, où le contrôle du Hamas met en danger la vie des citoyens et dégrade une situation humanitaire et économique déjà catastrophique ». Autrement dit : les Palestiniens ne souffriront pas du tarissement des financements américains, mais bien plus de l’action du Hamas, régulièrement soupçonné d’ « utiliser » la population gazaouie à des fins guerrières. Ce n’est pourtant pas la première fois que les Etats-Unis se désengagent financièrement du territoire.
Processus de paix au Moyen-Orient
En janvier dernier, ils avaient par exemple réduit de manière drastique leur contribution à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Washington, qui prévoyait de lui verser 125 millions de dollars cette année, ne lui allouera « que » 60 millions de dollars. Les Etats-Unis ne souhaitant plus être l’ « unique » contributeur de l’UNRWA, dont Donald Trump avait d’ailleurs invoqué la nécessité de réviser « en profondeur » le fonctionnement, tout en exhortant les autres pays à augmenter leurs financements. L’an dernier, les Etats-Unis avaient versé à l’agence quelque 360 millions de dollars.
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Mais les relations entre l’Autorité palestinienne (AP) et l’administration Trump se sont fortement dégradées depuis. Notamment en raison de la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, en novembre dernier. Coup de force géopolitique qui avait incité les Palestiniens à suspendre tous leurs contacts avec l’administration américaine, considérant qu’elle ne pouvait plus prétendre à son rôle de médiateur dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Et, plus globalement, dans le processus de paix au Moyen-Orient. « Cette administration démantèle des décennies de vision et d’engagement des Etats-Unis en Palestine » a résumé Husam Zomlot, le chef de la délégation générale palestinienne outre-Atlantique.
« Solution à deux Etats »
« Après Jérusalem et l’UNRWA, c’est une nouvelle confirmation de l’abandon de la solution à deux Etats et de l’agenda anti-paix de Nétanyahou [le Premier ministre israélien, ndlr]. La décision de réduire le financement palestinien intervient dans le contexte d’une crise humanitaire à Gaza, qui a connu une flambée de violence depuis le début des manifestation [pour le droit au retour, ndlr] en mars » pointe également du doigt Husam Zomlot. Tous les vendredis, plusieurs centaines de Palestiniens se réunissent ainsi le long de la frontière israélienne pour protester contre le blocus imposé à Gaza. Et au moins 171 Gazaouis ont été tués par des tirs de l’armée israélienne en 5 mois.
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Pour le chef de la délégation générale palestinienne aux Etats-Unis, « seul un nouvel engagement de l’administration américaine en faveur de la politique […] consistant à parvenir à la paix par la solution des deux Etats, aux frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine et le respect des résolutions internationales et du droit international, permettra d’aller de l’avant. » Même outre-Atlantique, la politique de Donald Trump ne passe plus. Le sénateur démocrate Patrick Leahy a accusé la Maison-Blanche de s’engager dans une « série d’actes provocateurs et nuisibles », au lieu de proposer une politique cohérente pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Plus que jamais inextricable.
Crédits photos : Gage Skidmore

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