Au Moyen-Orient, Mike Pompeo espère une amélioration des liens israélo-arabes

Le secrétaire d’État américain est revenu lundi sur l’accord signé entre Israël et les Émirats arabes unis le 13 août dernier.

Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a déclaré lundi qu’il espérait que d’autres pays arabes établiraient bientôt des relations diplomatiques avec Israël, alors qu’il donnait le coup d’envoi d’une tournée au Moyen-Orient pour donner suite à l’accord du 13 août dernier, entre Israël et les Émirats arabes unis (EAU), négocié par les États-Unis. « J’espère que d’autres nations arabes se joindront à cette initiative, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Jérusalem, en présence du Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. La possibilité pour eux de travailler à leurs côtés, de reconnaître l’État d’Israël et de travailler avec eux n’augmentera pas seulement la stabilité du Moyen-Orient, mais elle améliorera aussi la vie des habitants de leurs propres pays ».

L’accord entre Israël et les EAU représente une petite victoire diplomatique, pour les deux intéressés – leurs relations diplomatiques devraient être normalisées début septembre ; Abou Dhabi n’est que le troisième pays arabe à reconnaître l’Etat hébreu depuis sa création, en 1948, après l’Egypte et la Jordanie -, mais surtout pour le président américain, Donald Trump. Celui-ci, en pleine campagne pour sa réélection, cherche à tout prix à consolider un axe anti-Iran au Moyen-Orient, au sein duquel Israël, allié des Américains dans la région, a un rôle de premier plan à jouer. Mike Pompeo et Benjamin Nétanyahou ont d’ailleurs tous deux critiqué le manque de soutien international à la demande américaine visant à rétablir des sanctions onusiennes contre Téhéran.

« Très clairement c’est un cadeau que les Emirats viennent de faire aux Etats-Unis. Après, ils y gagnent aussi : vis-à-vis de l’Iran, qui prend de l’influence dans la région, et Israël, qui est une puissance régionale économique, commerciale et une porte ouverte sur les Etats-Unis », estime le politologue Denis Charbit, enseignant à l’université de Tel-Aviv.

Après avoir échoué à prolonger l’embargo sur les armes contre l’Iran, l’administration Trump a fait pression sur le Conseil de sécurité pour que des sanctions « instantanées » soient imposées sur ce que Washington considère comme une violation par l’Iran de l’accord nucléaire de 2015 avec les puissances mondiales. L’administration Trump a retiré les États-Unis de cet accord en 2018. « Nous sommes déterminés à utiliser tous les outils dont nous disposons pour nous assurer qu’ils ne puissent pas avoir accès à des systèmes d’armes haut de gamme. Le reste du monde devrait nous rejoindre », a à ce titre déclaré M. Pompeo. Qui devait ensuite rencontrer le Premier ministre bis israélien, Benny Gantz, ainsi que le ministre des Affaires étrangères, Gabi Ashkenazi.

A moins de 100 jours de l’élection présidentielle américaine, beaucoup estiment que Donald Trump, par ailleurs très critiqué pour sa gestion de la crise sanitaire due au coronavirus, se servira de l’accord israélo-émirati pour redorer son blason, dans la course à la Maison-Blanche face au démocrate Joe Biden. Idem, Benjmain Nétanyahou, qui reste empêtré dans plusieurs affaires judiciaires et massivement critiqué par l’opposition, espère bien se prévaloir de cette nouvelle entente avec Abou Dhabi pour faire taire les voix critiques. Qui ne manqueront pourtant pas de hausser le ton, notamment chez les militants de la cause palestinienne, grande oubliée de l’accord entre Israël et les Émirats.

 

Crédits photo : le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, après un meeting à Jérusalem, le 24 août 2020. Debbie Hill/Pool via AP

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