Arabie saoudite : les Houthis frappent un dépôt pétrolier non loin du Grand Prix de F1

Les rebelles ont attaqué un dépôt pétrolier, vendredi, dans la ville de Jeddah, pour dénoncer l’intervention saoudienne au Yémen.

Les rebelles Houthis du Yémen ont attaqué un dépôt pétrolier, vendredi, dans la ville saoudienne de Jeddah, avant la course de Formule 1 organisée dans le royaume. Il s’agit de l’attaque la plus médiatisée des rebelles à ce jour, bien que les autorités saoudiennes aient promis que le Grand Prix se déroulerait comme prévu.

L’attaque visait le même dépôt de carburant que celui que les Houthis avaient attaqué ces derniers jours, l’usine de Jeddah Nord, située juste au sud-est de l’aéroport international de la ville, et qui constitue une plaque tournante cruciale pour les pèlerins musulmans se rendant à La Mecque. Aucun blessé n’a été signalé dans cette attaque.

« Attaques hostiles »

La société Saudi Arabian Oil Co. cotée en bourse, connue sous le nom de Saudi Aramco, n’a pas répondu à une demande de commentaire de l’agence américaine Associated Press (AP). Les autorités saoudiennes ont reconnu qu’une « opération hostile » des Houthis avait visé le dépôt avec un missile.

Au Yémen, l’Arabie saoudite est à la tête d’une coalition qui combat les Houthis, soutenus par l’Iran, qui se sont emparés de la capitale du Yémen, Sanaa, en septembre 2014. Le royaume, entré en guerre en mars 2015, a été critiqué au niveau international pour ses frappes aériennes qui ont tué des dizaines de milliers de civils – ce que les Houthis soulignent alors qu’ils lancent des drones, des missiles et des mortiers dans le royaume.

Le général de brigade Turki al-Malki, porte-parole de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, a déclaré que le feu avait endommagé deux réservoirs et avait été éteint sans faire de blessés. « Cette escalade hostile cible les installations pétrolières et vise à saper la sécurité énergétique et l’épine dorsale de l’économie mondiale », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse saoudienne étatique.

« Ces attaques hostiles n’ont eu aucun impact ni aucune répercussion, de quelque manière que ce soit, sur la vie publique à Jeddah », a tenté de rassurer Turki al-Malki, alors que se posait la question d’annuler le Grand Prix… qui aura finalement bien lieu. La coalition dirigée par l’Arabie saoudite a prévenu dans la nuit qu’elle lancerait de nouvelles attaques contre le Yémen, notamment contre la ville portuaire de Hodeida, durement touchée.

Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, a condamné les attaques et les a qualifiées de « clairement facilitées par l’Iran », malgré l’embargo sur les armes décrété par l’ONU. Téhéran nie avoir armé les Houthis, mais les experts onusiens et les pays occidentaux ont établi un lien entre les armes aux mains des rebelles et l’Iran. À Téhéran, les autorités ont « baigné » la place Azadi (ou « Liberté »), dans une projection lumineuse montrant les visages des dirigeants houthistes.

« Attaques terroristes »

« Au moment où les parties devraient se concentrer sur la désescalade et sur l’apport d’une aide vitale au peuple yéménite à l’approche du mois sacré du Ramadan, les Houthis poursuivent leur comportement destructeur et leurs attaques terroristes irresponsables qui frappent les infrastructures civiles », a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken dans un communiqué.

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a condamné les attaques des Houthis sur Twitter : « Ces frappes mettent en danger la vie des civils et doivent cesser », a-t-il écrit.

Un photojournaliste de l’Associated Press, qui couvrait les essais sur le circuit de F1 de Jeddah, a quant à lui vu la fumée s’élever au loin, vers l’est, peu après 17h40. Alors que les flammes s’élevaient, le sommet des réservoirs de l’usine de production en vrac était clairement visible à quelque 11,5 kilomètres de là. Les coureurs ont continué à rouler dans la soirée alors que le feu brûlait – et ce jusqu’au petit matin.

Le deuxième Grand Prix d’Arabie saoudite, qui se déroule à Jeddah, a lieu dimanche, bien que certains se soient inquiétés des récentes attaques visant le royaume. Quelques heures plus tard, les organisateurs ont déclaré que la troisième séance d’essais et de qualification de samedi et la course de dimanche étaient toujours d’actualité. La Saudi Motorsport Co, qui promeut la course, a reconnu l’attaque mais a déclaré que « le programme du week-end de course se poursuivra comme prévu ».

Nous « restons en contact direct avec les autorités saoudiennes chargées de la sécurité, ainsi qu’avec la F1 et la FIA pour assurer toutes les mesures de sécurité et de sûreté nécessaires », a déclaré la société, qui a assuré que « la sûreté et la sécurité de tous nos invités continuent d’être notre principale priorité ».

 

Crédits photo : Un nuage de fumée s’élève d’un dépôt pétrolier en feu à Jeddah, en Arabie saoudite, vendredi 25 mars 2022 (AP Photo/Hassan Ammar).

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