Les 26 et 27 mars, le Qatar organise « son » forum annuel, où il sera question des grands enjeux actuels.
Le président ukrainien a fait une apparition vidéo surprise, samedi, au Forum de Doha, au Qatar, appelant les pays riches en énergie et d’autres pays à augmenter leur production pour compenser la perte des approvisionnements énergétiques russes. Volodymyr Zelensky a appelé les Nations unies et les puissances mondiales à lui venir en aide, comme il l’a fait dans une série d’autres discours prononcés dans le monde entier depuis le début de la guerre, le 24 février. Il a comparé la destruction de la ville portuaire de Marioupol par la Russie à la destruction de la ville d’Alep par les Syriens et les Russes lors de la guerre en Syrie.
« Ils détruisent nos ports, a déclaré le président ukrainien. L’absence d’exportations de l’Ukraine portera un coup aux pays du monde entier », alors que la perte du blé ukrainien a déjà inquiété les nations du Moyen-Orient comme l’Égypte, qui dépend de ces exportations. M. Zelensky, en outre, a appelé les pays à accroître leurs exportations d’énergie, ce qui est d’autant plus important que le Qatar est un leader mondial de l’exportation de gaz naturel.
Il a critiqué la Russie de Vladimir Poutine, la qualifiant de menace pour le monde avec ses armes nucléaires, évoquant la possibilité que des armes nucléaires tactiques soient utilisées sur le champ de bataille. « La Russie délibère en se vantant de pouvoir détruire avec des armes nucléaires, non seulement un certain pays, mais la planète entière », a déclaré M. Zelensky, qui a également fait remarquer que les musulmans d’Ukraine devraient se battre pendant le prochain mois de jeûne sacré du Ramadan. « Nous devons veiller à ce que ce mois sacré ne soit pas éclipsé par la misère des gens en Ukraine », a-t-il précisé.
Boycott
L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, a de son côté critiqué Israël pour le traitement qu’il a réservé aux Palestiniens au cours des 70 dernières années, et a exhorté le monde à s’opposer à la militarisation croissante de la planète, qui a trouvé son apogée dans la guerre actuelle de la Russie en Ukraine. Le dirigeant qatari a cherché à tracer une ligne entre l’antisémitisme et la capacité à critiquer Israël pour l’occupation de terres que les Palestiniens espèrent avoir un État qui leur appartienne. Une déclaration qui intervient alors que Bahreïn et les Émirats arabes unis ont régularisé en 2020 leurs relations diplomatiques avec Israël.
« Il convient de noter ici que l’accusation d’antisémitisme est maintenant utilisée à tort contre tous ceux qui critiquent les politiques d’Israël, et cela empiète sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme réel, a déclaré cheikh Tamim al-Thani au début du forum. Tout en soulignant la nécessité de la solidarité, je voudrais dans ce contexte rappeler les millions de Palestiniens qui souffrent de l’occupation israélienne et de la négligence internationale depuis plus de sept décennies. » « De même, il y a beaucoup d’autres personnes, comme le peuple syrien et le peuple afghan, pour lesquelles la communauté internationale n’a pas rendu justice », a-t-il ajouté.
Il n’y a pas eu de réponse immédiate de la part d’Israël. Toutefois, Tel-Aviv et Doha ont discuté de la réduction des tensions dans la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste du Hamas. Le Qatar, qui soutient des groupes islamistes dans toute la région, est intervenu pour fournir une aide humanitaire, notamment des valises remplies d’argent liquide expédiées à Gaza, avec l’autorisation d’Israël. En raison de son soutien aux islamistes, le Qatar a fait l’objet d’un boycott de plusieurs années de la part de quatre pays arabes, dont l’Arabie saoudite et les EAU, pendant le mandat du président américain Donald Trump (ouvertement pro-saoudien). Ce boycott a pris fin juste avant l’entrée en fonction du président Joe Biden en 2021.