« Toutes les parties au conflit au Darfour doivent mettre fin aux attaques contre les civils » alerte une responsable d’Amnesty International.
Entre le 21 et le 23 mai derniers, des attaques contre trois camps de personnes déplacées au Darfour (ouest du Soudan) ont eu lieu, faisant un certain nombre de morts et de blessés parmi les civils et les personnes déplacées. L’opération conjointe entre l’Union africaine (UA) et les Nations unies (ONU) (MINUAD) dans l’Etat soudanais s’est dite profondément préoccupée par cet accès de violence, tout en rappelant que les camps de personnes déplacées sont considérés comme « un espace humanitaire qui devrait être exempt d’armes, où les personnes déplacées ne doivent pas faire l’objet de menaces, de harcèlement, d’attaque ou de dommages. » De telles actions pouvant constituer une violation grave du droit international humanitaire selon les deux organisations.
« Violations flagrantes des droits humains »
« Bien que la responsabilité première de la protection des civils incombe au gouvernement soudanais, la MINUAD continuera de collaborer avec les autorités gouvernementales compétentes pour protéger les civils et s’engager avec eux sur cette question à tous les niveaux » a déclaré Jeremiah Mamabolo, le représentant spécial conjoint de la MINUAD. Celle-ci a d’ailleurs pris, entre-temps, plusieurs mesures pour répondre à ces attaques. « Il s’agit notamment d’augmenter le nombre et la fréquence des patrouilles à l’intérieur et autour des camps touchés, ainsi que de dépêcher des équipes intégrées pour vérifier ces incidents et s’engager avec les autorités locales [à] calmer la situation et prévenir de nouvelles attaques » d’après la mission conjointe.
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Quant aux responsables de ces exactions, il s’agit très certainement « des membres de la milice progouvernementale des Forces de soutien rapide, se trouvant à bord de cinq pick-up équipés de mitrailleuses» a précisé dans un communiqué Amnesty International. Qui « demande la tenue d’une enquête sur l’attaque meurtrière » du 21 mai, qui a coûté la vie à une femme et blessé au moins dix personnes. « Les victimes de cette terrible attaque avaient fui leur foyer en raison de la violence qui gangrène le Darfour depuis des années, et ce camp était censé être un lieu sûr » a pour sa part précisé Joan Nyanyuki, directrice régionale pour l’Afrique de l’Est à Amnesty International, appelant également au déferrement devant la justice des auteurs de ces « violations flagrantes des droits humains ».
300 000 morts depuis 2003
« Nous demandons aux autorités soudanaises de mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie et impartiale sur cette attaque et de veiller à ce que les responsables soient traduits en justice dans le cadre de procès équitables » a-t-elle effectivement souligné. Avant de préciser : « Toutes les parties au conflit au Darfour doivent mettre fin aux attaques contre les civils et garantir le respect des droits humains et du droit international humanitaire ». D’après les informations recueillies par Amnesty International, après l’attaque du 21 mai, des manifestants se sont rassemblés devant le siège du gouvernement de l’Etat, l’hôpital et le marché à Zalingei – la capitale du Darfour central – pour demander l’arrêt imminent du recours à la force dans les camps – mais pas que.
Pour mémoire, la guerre civile au Darfour est un conflit armé qui touche cette région soudanaise depuis 2003 et dont les origines – rivalités entre les tribus « arabes » des Janjawids et les tribus « noires-africaines » non arabophones – sont anciennes. Tandis que Khartoum considère que le conflit, qui a fait plus de 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003, selon l’ONU, est terminé, des violences ont donc toujours bien lieu. Amnesty International a ainsi fait état de 244 faits d’homicides illégaux dans différentes régions du Darfour, commis par des milices progouvernementales entre août 2017 et avril 2018. Les RSF, par exemple, sont officiellement sous le contrôle de l’armée soudanaise – mais composées de milices arabes ayant combattu aux côtés des forces gouvernementales durant les premières années de la guerre.
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