Les ressources naturelles de la Libye appartiennent « à tous les Libyens »

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26.07.2022

La sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique a fait le point, lundi, sur la situation en Libye.

La situation sécuritaire en Libye « reste encore très volatile », et la « politisation » du contrôle de la compagnie nationale de pétrole aggrave une « situation économique désastreuse », a rapporté la sous-secrétaire générale des Nations unies (ONU) pour l’Afrique, Martha Pobee, devant le Conseil de sécurité, lundi dernier. Malgré des progrès réalisés, « une impasse constitutionnelle et politique » persiste, selon elle, ce qui contribue à créer une atmosphère tendue sur le plan sécuritaire, avec un nombre accru d’affrontements à Tripoli et ses environs.

« Nous avons assisté à des manifestations de Libyens frustrés par l’absence de progrès pour la tenue d’élections et la médiocrité des services publics. En outre, la situation des droits de l’homme dans le pays reste très préoccupante », a-t-elle résumé. Le 1er juillet dernier, des vagues de protestation ont eu lieu dans toute la Libye, notamment à Tripoli, Benghazi, Al-Bayda et Tobrouk ; le bâtiment du Parlement à Tobrouk a été pris d’assaut et endommagé ; les manifestants ont exprimé leur frustration face aux divisions politiques et à la détérioration des conditions de vie.

Face au Conseil de sécurité de l’ONU, Mme Pobee a exhorté les acteurs politiques libyens à « entendre l’appel de leur peuple » et à « faire preuve d’un leadership responsable en répondant à leurs doléances ». La sous-secrétaire générale a rapporté que les groupes armés continuaient de se positionner soit en faveur de M. Dbeibah, le Premier ministre basé à Tripoli, ou de M. Bashagha, désigné en mars Premier ministre par le parlement et dont le gouvernement s’est installé à Syrte. Pendant ce temps, le risque d’escalade augmente.

« Surmonter leurs divergences »

« L’activité militaire a également augmenté dans la région occidentale, en particulier sur le flanc oriental de Tripoli, à Misrata et dans les faubourgs de Syrte », a ajouté Mme Pobee, qui a fait part de sa profonde préoccupation à la suite d’affrontements armés ayant eu lieu à Tripoli dans la nuit du 21 juillet ainsi que d’escarmouches entre groupes armés à Misrata le 23 juillet, ayant occasionné « un nombre non confirmé de victimes civiles ». Réaffirmant l’importance du maintien du cessez-le-feu en Libye, Mme Pobee a exhorté toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue et de renouer le dialogue.

« Si la priorité de l’ONU en Libye reste de faciliter le retour au processus électoral, nous devons continuer à soutenir et à encourager nos homologues libyens à s’attaquer efficacement aux principaux facteurs de l’impasse politique et économique, notamment ceux ayant déclenché les manifestations du 1er juillet. Le message des jeunes Libyens à leurs dirigeants est de faire davantage pour améliorer leurs conditions de vie et d’organiser des élections le plus rapidement possible afin de choisir leur représentant légitime », a pointé Mme Pobee.

La sous-secrétaire générale pour l’Afrique a aussi déploré les conséquences du désaccord actuel concernant la direction de la National Oil Corporation (NOC), la compagnie nationale de pétrole en Libye. Le 12 juillet, M. Dbeibah a nommé M. Bengdara, l’ancien gouverneur de la Banque centrale libyenne, au poste de président de la NOC. Il a remplacé M. Sanalla, qui dirigeait la NOC depuis 2015. Or « M. Sanalla a rejeté la décision de le remplacer et a l’intention de porter l’affaire devant la justice libyenne », a indiqué Mme Pobee.

La Libye a certes repris ses exportations de pétrole le 19 juillet, mais la réduction drastique des exportations qui avait cours depuis plus de trois mois a coûté au pays 4 milliards de dollars, et il est trop tôt pour confirmer si la production reprendra à pleine capacité, et si les changements d’organigramme au sein de la NOC auront un impact supplémentaire sur la production et l’exportation.

« Nous soulignons la nécessité pour la NOC de rester neutre et libre de toute pression politique », a appuyé Mme Pobee, qui a appelé les acteurs concernés à « surmonter leurs divergences » en vue d’assurer la pleine exploitation des champs pétrolifères du pays. Elle en a profité pour réaffirmer que les ressources naturelles de la Libye « appartenaient à tous les Libyens », et que les revenus des exportations pétrolières devaient être distribués de manière équitable et utilisés pour améliorer les services publics.

 

Crédits photo : Des manifestants à Tripoli dénoncent les appels à la division de la Libye en trois régions autonomes, en mars 2012 (Wikimedia Commons).

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