La reconstruction de l’Irak ne doit pas se faire au détriment de l’enfant

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26.11.2018

Les jeunes Irakiens sont trop souvent absents des préoccupations politiques, dans un pays gangréné par la corruption.

Alors que les éléments se déchaînent en Irak, où de fortes intempéries ont fait au moins 21 morts ces derniers jours, c’est un tout autre problème que les autorités irakiennes pourraient avoir à affronter bientôt. Celles-ci viennent à nouveau de se faire taper sur les doigts pour le sort réservé à la jeunesse, en Irak, où de profondes inégalités façonnent la vie des enfants, a alerté le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) dans un rapport publié le 19 novembre dernier. Qui nous apprend, entre autres, que la majorité des enfants défavorisés ne reçoivent aucune forme d’aide gouvernementale. Mais également qu’un peu plus de la moitié seulement parvient à achever son cursus primaire. L’éducation en Irak restant effectivement, selon l’ONU, l’un des secteurs qui nécessitent le plus de réformes.

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Depuis les années 1990, époque à laquelle l’UNICEF a initié ses « enquêtes à indicateurs multiples » (MICS), afin d’accompagner les pays dans la mise en place de politiques de l’enfance, le constat reste peu ou prou le même concernant l’Irak. Si les périodes de guerre – contre les Etats-Unis dans les années 2000 ; contre l’organisation Etat islamique jusqu’à l’an dernier – n’ont pas aidé les gouvernements successifs à s’emparer convenablement du problème, ces derniers ont leur (grande) part de responsabilité. Corruption et mépris pour l’intérêt général guidant en général leurs pas. « De manière générale, nous avons eu depuis 2003 des politiciens qui pensaient à leurs intérêts personnels avant l’intérêt à long terme du pays », nous explique d’ailleurs le journaliste franco-irakien Feurat Alani, longtemps en poste à Bagdad.

Reconstruction

Il vient de publier Le parfum d’Irak (Arte éditions/Editions Nova, 2018), un ouvrage composé de 1 000 tweets (et d’émotions), dans lequel il souhaitait raconter « son » pays, découvert enfant, à l’âge de 9 ans. Loin des chiffres et analyses froides servies dans les médias. Un pays qui avait, dit-il, une odeur d’abricot. Et qui ne vit à présent que dans sa mémoire. Sur la faculté du gouvernement à engager des réformes pour l’éducation et l’enfance, il se dit « pessimiste »« La situation est tellement chaotique qu’il est difficile d’imaginer dans un avenir proche un Irak paisible et heureux », avoue-t-il. Le gouvernement irakien, qui peine déjà à trouver de la stabilité, devant s’atteler à la reconstruction, dans la pierre comme dans le tissu social, du pays. Dont 60 % de la population, pour rappel, a moins de 24 ans.

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