L’ONU est chargée de superviser le respect du cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front Polisario dans ce territoire non autonome.
« Hisser le niveau de préparation au summum ». Tel est le slogan sous lequel des manœuvres militaires de soldats sahraouis ont été effectuées, hier, au Sahara occidental. L’armée sahraouie « est prête à faire face […] pour arracher le droit du peuple sahraoui à l’indépendance » et « ne peut être confinée éternellement dans un statut de réfugié », a averti après l’événement Abdullahi Lehbib, « ministre de la Défense » sahraoui, cité par l’agence APS. « L’armée sahraouie est prête […] à faire face à tout imprévu et à toute éventualité pour arracher le droit du peuple sahraoui à l’indépendance et à l’autodétermination […] si la communauté internationale n’intervenait pas pour rendre justice à ce peuple qui vit depuis plus de 42 ans sous l’occupation marocaine », a-t-il ajouté dans une lettre adressée à la communauté internationale.
Avancées concrètes
Le territoire du nord-ouest de l’Afrique, bordé par le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et l’Atlantique, « non autonome » selon les Nations unies (ONU), n’a toujours pas trouvé de statut juridique définitif depuis le départ des colons espagnols en 1976. Ceci malgré les tentatives incessantes du Front Polisario, mouvement sahraoui dont l’objectif est l’indépendance totale du Sahara occidental, qui avait créé la même année la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Revendiquée également par le Maroc, cette bande de terre de 266 000 kilomètres carrés est devenu l’une des vitrines de la rivalité entre Marocains et Algériens dans la région, ces derniers soutenant l’effort sahraoui.
A quatre reprises, entre 2007 et 2008, l’ONU a tenté de parvenir à un accord lors des réunions de Manhasset (Etats-Unis), avant de confier la tâche à Chritopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, pour des discussions plus « informelles ». Mais peu couronnées de succès. En mars dernier, après huit années d’effort, ce dernier avait démissionné, ouvrant paradoxalement la voie à un apaisement des tensions dans le dossier. Les relations de M. Ross avaient souvent été qualifiées de houleuses avec le roi du Maroc, Mohamed VI, avec qui Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, s’était ensuite entretenu par téléphone, avant de rencontrer le chef du Polisario, Brahim Ghali, au siège de l’ONU. Les diplomaties impliquées dans le dossier s’étaient alors félicitées d’avancées concrètes.
Matières premières
En avril dernier, les Nations unies avaient d’ailleurs exprimé leur espoir de voir les négociations relancées après que le Front Polisario s’était retiré d’une zone tampon de la région. « Cette action devrait améliorer les perspectives d’un climat propice à la relance d’un processus de négociations avec une nouvelle dynamique et un nouvel état d’esprit » s’était félicité dans un communiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Les quinze pays membres du Conseil de sécurité avaient alors adopté à l’unanimité une résolution de soutien à une reprise de négociations de paix, qui prolonge également jusqu’au 30 avril 2018 le mandat de la Mission de maintien de la paix de l’ONU sur place (Minurso), chargée de superviser le respect du cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le Front Polisario.
Un espoir de pacification douché par les événements récents, donc. En février dernier, Brahim Ghali, le « président » sahraoui, avait pourtant déclaré à l’AFP que « nous penchons toujours pour la voie pacifique » pour résoudre le conflit, même si « toutes les options restent ouvertes ». Son « ministre de la Défense », dans le même temps, avait d’ailleurs précisé qu’ « il y a 25 000 militaires sahraouis et tout Sahraoui est mobilisable, au Sahara occidental, de l’autre côté des murs de défense construits par le Maroc, les indépendantistes du Front Polisario sont toujours sur le qui-vive ». Une opiniâtreté, de la part des deux camps, qui pourraient s’expliquer, outre la question de la souveraineté, par la présence de matières premières non exploitées dans les sous-sols sahraouis – fer, phosphate et hydrocarbures. Une aubaine pour le Maroc, dont l’économie est en berne.

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