Corruption au Parlement européen : les procureurs maintiennent Eva Kaili en détention

L’ancienne vice-présidente de l’institution est mouillée dans une affaire de corruption, où interviendraient le Maroc et le Qatar.

Une ancienne vice-présidente du Parlement européen soupçonnée d’être au centre de l’un des plus grands scandales de corruption de l’Union européenne doit être maintenue en prison pendant au moins un mois supplémentaire, ont déclaré jeudi les procureurs belges.

Ces derniers accusent Eva Kaili de corruption, d’appartenance à une organisation criminelle et de blanchiment d’argent. Elle est en détention depuis le 9 décembre. Son partenaire, Francesco Giorgi, conseiller au Parlement européen, est emprisonné pour les mêmes motifs, précise l’agence américaine Associated Press.

Les deux individus sont soupçonnés de travailler avec l’ancien patron de Giorgi, Pier Antonio Panzeri, un ancien député européen. Selon les mandats d’arrêt, Panzeri « est soupçonné d’être intervenu politiquement auprès de membres travaillant au Parlement européen au profit du Qatar et du Maroc, contre paiement. »

Les avocats de Kaili avaient déclaré qu’elle ne présentait aucun risque de fuite et avaient demandé devant un tribunal de Bruxelles qu’elle soit libérée sous surveillance par le port d’un dispositif électronique de localisation de la police. Mais les procureurs ont déclaré dans un communiqué que le tribunal avait « prolongé la détention préventive d’un mois ».

Coupe du monde de football

Son équipe juridique a 24 heures pour faire appel de la décision. Si elle le fait, elle pourrait se présenter à nouveau devant les juges dans les deux semaines. Auparavant, son avocat belge, Andre Risopoulos, avait déclaré aux journalistes que l’ancienne présentatrice de télévision grecque de 44 ans coopérait pleinement avec les enquêteurs.

« Elle joue un rôle actif dans l’enquête. Elle rejette toutes les allégations de corruption à son encontre », a déclaré M. Risopoulos.

Mme Kaili a été démise de ses fonctions au Parlement européen la semaine dernière après avoir été inculpée. L’Assemblée a interrompu ses travaux sur les dossiers impliquant le Qatar, alors qu’elle enquête sur l’impact qu’a pu avoir le scandale des pots-de-vin en espèces et en cadeaux contre de l’influence. Le Qatar nie avec véhémence toute implication.

Le scandale a éclaté au grand jour alors que le Qatar accueillait la Coupe du monde de football. Cette petite nation du Golfe, riche en énergie, a vu son profil international s’élever au fur et à mesure que Doha utilisait ses énormes gisements de gaz naturel offshore pour faire du pays l’un des plus riches du monde par habitant, et pour alimenter ses ambitions politiques régionales.

Le Maroc n’a pas encore répondu aux allégations selon lesquelles son ambassadeur en Pologne pourrait avoir été impliqué. Et, de leur côté, les procureurs belges cherchent également à obtenir le transfert de la femme et de la fille de Panzeri depuis l’Italie, où elles ont été assignées à résidence pour des motifs similaires.

« Elle est très troublée »

Un quatrième suspect en Belgique – Niccolo Figa-Talamanca, secrétaire général de l’organisation non gouvernementale No Peace Without Justice – a également été inculpé dans le cadre de cette affaire.

Le scandale a été porté à l’attention du public au début du mois après que la police a lancé plus de 20 raids, principalement en Belgique mais aussi en Italie. Des centaines de milliers d’euros ont été trouvés à un domicile et dans une valise dans un hôtel de Bruxelles. Des téléphones portables, du matériel informatique et des données ont été saisis.

M. Dimitrakopoulos a rendu visite à l’homme politique emprisonné mercredi pendant plusieurs heures. Il a laissé entendre que Kaili en voulait à son compagnon Georgi, avec qui elle a une petite fille. « Elle est très troublée ; elle se sent trahie par son partenaire. Elle lui faisait confiance, il la contredisait », a déclaré Dimitrakopoulos aux journalistes grecs.

Selon les transcriptions des déclarations de Giorgi aux procureurs le 10 décembre, que le journal italien La Repubblica et le quotidien belge Le Soir disent avoir obtenues, Giorgi a avoué avoir géré l’argent au nom d’une « organisation » dirigée par Panzeri. « J’ai fait tout cela pour l’argent, dont j’avais besoin », a déclaré Giorgi aux procureurs, rapporte La Repubblica. Il a également tenté de protéger son partenaire, en demandant que Kaili soit libérée de prison.

 

Crédits photo : Eva Kaili (euranet_plus, Flickr).

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