Moyen-Orient : le plan de Donald Trump à la rescousse de Benjamin Nétanyahou

Le Premier ministre israélien, inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, entend rassurer la droite à un mois des législatives.

Aux dires de Benjamin Nétanyahou, le plan pour le Moyen-Orient que s’apprête à dévoiler Donald Trump, après de nombreux mois de tergiversation, est « historique ». Le Premier ministre israélien, qui doit se rendre à Washington en début de semaine pour en discuter avec « le plus grand ami qu’Israël ait jamais connu », affichait même un large sourire ces derniers jours. « Depuis trois ans, je parle avec le président Trump et son équipe de nos besoins en matière de sécurité […]. J’ai obtenu dans toutes ces discussions une oreille attentive à la Maison-Blanche aux besoins existentiels d’Israël. Je pars à Washington […] avec l’espoir que nous pourrons faire l’Histoire », a-t-il dit à son cabinet dimanche.

« Tyrans de Téhéran »

Benny Gantz, le chef de l’opposition et ancien chef de l’armée israélienne, doit également se rendre à Washington pour rencontrer le président américain. Une entrevue en grande pompe à laquelle les Palestiniens n’ont pas été conviés, soit dit en passant. Pour le leader du mouvement Bleu Blanc (centre), principal adversaire de Benjamin Nétanyahou aux législatives du 2 mars prochain, même topo : « Je peux déjà vous dire que le ‘‘Plan de paix’’ conçu par le président Trump marquera l’Histoire comme un jalon important permettant à différents acteurs au Moyen-Orient d’aller enfin de l’avant avec un accord régional historique », a-t-il affirmé samedi soir.

Les deux ont insisté sur le climat extrêmement tendu qui parcourt actuellement le Moyen-Orient. Ces dernières semaines, la région a retenu son souffle face à l’accroissement des tensions entre Américains et Iraniens, après l’assassinat du général Ghassem Soleimani par Washington, le 3 janvier dernier. Jeudi, le Premier ministre israélien a d’ailleurs exhorté la communauté internationale à prendre des mesures rapides contre les « tyrans de Téhéran » afin d’éviter une « autre Shoah »« Nous sommes au milieu d’événements politiques très dramatiques, mais le sommet est encore à venir », a-t-il également déclaré peu avant de s’envoler pour les Etats-Unis.

Flop du siècle

Le sommet, et même le meilleur, aurait pu ajouter Benjamin Nétanyahou. Parce qu’il ne fait plus aucun doute que le fameux « plan du siècle » américain confortera les intérêts israéliens au détriment de ceux des Palestiniens. A ce titre, Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du leader palestinien Mahmoud Abbas, a déclaré qu’il ne souhaitait pas entendre parler du plan, « déjà mort »« Nous rejetons ce que l’administration Trump a réalisé jusqu’à présent […]. Notre position est claire : Israël doit mettre fin à l’occupation des terres palestiniennes en vigueur depuis 1967 », a-t-il ajouté, en vain – la colonisation, qui n’avait jamais cessé, s’est accélérée sous Nétanyahou.

Le plan de sauvegarde du Moyen-Orient est davantage un plan de soutien au Premier ministre israélien, qui tentera en mars prochain de conserver son fauteuil – et d’échapper ainsi à la justice, alors qu’il est inculpé pour corruption dans plusieurs affaires -, qu’un véritable plan de paix. D’ailleurs, selon certains analystes, la vision manichéenne de Donald Trump, plutôt que stopper l’hémorragie, pourrait au contraire raviver les tensions entre Israéliens et Palestiniens. Pas sûr que la communauté internationale, et l’Union européenne notamment, accueille cela d’un très bon œil. Le « plan du siècle » sera-t-il le « flop du siècle » ?

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