« Au sortir d’une crise diplomatique avec ses voisins saoudiens et émiratis, notamment, le Qatar devait trouver de nouveaux partenaires. »
Le Qatar raffole des produits européens de luxe comme alimentaires. Le tourisme, qui sort renforcé de la Coupe du Monde, a poussé Doha à accélérer ses accords de coopération avec l’Union européenne autour de plusieurs dossiers. Parmi eux, l’exportation de fromages européens. Un accord préalable sur le contrôle de la qualité est nécessaire et fait l’objet de nouvelles discussions à Bruxelles.
Transport aérien
Les négociateurs de la Commission européenne ont en effet rencontré récemment une délégation de haut niveau du Ministère de la Santé publique qatari et du Ministère du Commerce et de l’industrie pour faire avancer ce dossier commercial dans un contexte de crise économique en Europe. Il est, parmi tant d’autres, un dossier à même de renforcer la solide relation euro-qatarie.
Celle-ci s’est approfondie ces derniers mois à l’aune d’un conflit qui hante tous les esprits. La guerre russo-ukrainienne a fait prendre conscience aux Européens qu’ils devaient de toute urgence diversifier leurs sources d’approvisionnement énergétique pour ne plus dépendre de la Russie. Outre les États-Unis, la Norvège, l’Algérie, l’Azerbaïdjan, l’Europe compte sur le Qatar pour lui assurer un approvisionnement stable et de long terme. Il est essentiel de poursuivre l’accord de coopération qui unit l’Europe aux pays du Golfe. Doha, qui a longtemps fourni moins de 10% des besoins en gaz de l’Union, en assure désormais 16%.
Ces dernières années, l’Union européenne et le Qatar ont décidé de renforcer leur partenariat stratégique tous azimuts. De nombreux accords ont été signés entre Doha et Bruxelles. Citons, en 2021, l’accord en matière de transport aérien et qui offre désormais une ouverture illimitée à Qatar Airways de l’ensemble de l’espace aérien européen. En 2017, l’UE qui bénéficie d’une place de choix dans le Golfe, était le premier investisseur au Qatar.
De nouveaux alliés
Quant au Qatar, qui cherche à diversifier son économie, il multiplie les investissements sur le vieux continent. Ce qui se reflète dans ces relations bilatérales et notamment sur la question alimentaire, c’est avant tout la question de l’intérêt mutuel : un nouveau débouché pour les produits laitiers européens et l’importations de produits alimentaires de qualité au Qatar.
Or, le Qatar sort d’une crise politique violente après 4 ans d’embargo inédit de la part de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de l’État de Bahreïn. Il lui a fallu se chercher de nouveaux alliés et partenaires internationaux. L’Europe a répondu présente : en 2018, en pleine tourmente à Doha, l’Europe signait un nouvel accord de coopération avec les Qataris dans le secteur privé, celui de l’innovation et la recherche. Ce sont autant de domaines essentiels de la Qatar National Vision 2030, cette stratégie d’avenir du pays.
Les négociations qui viennent de se tenir au Berlaymont indique que la relation s’approfondit. Bientôt, l’Europe exportera ses fromages, réputés dans le monde entier, au Qatar. Avant de se mettre d’accord définitivement sur la réglementation sanitaire qui permettra la signature, les Européens se rendront en mission à Doha en mars. Pour les deux parties, ce partenariat stratégique semble être une aubaine. On ne prend pas de risque à dire qu’il a de beaux jours devant lui.
