Les diplomaties irakienne et turque se sont écharpées au sujet de l’attaque du 20 juillet qui a tué 9 Irakiens dans le nord du pays.
Le différend entre l’Irak et la Turquie, au sujet d’une récente attaque meurtrière dans la région kurde du nord de l’Irak, s’est aggravé lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, mardi. Le ministre irakien des Affaires étrangères a exigé le retrait de toutes les troupes turques de son pays, tandis que l’ambassadeur adjoint de la Turquie a déclaré que son gouvernement continuerait à poursuivre les combattants qu’il considère comme des terroristes et qui se réfugient en Irak.
Le gouvernement irakien a demandé cette réunion après l’attaque d’artillerie du 20 juillet qui a tué neuf touristes irakiens et blessé 33 autres personnes. Son ministre des Affaires étrangères, Fuad Hussein, a déclaré que le gouvernement avait des « preuves » que les forces armées turques étaient responsables.
« Spéculations »
La Turquie a nié être à l’origine de l’attaque et a rejeté la responsabilité sur les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan, ou PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara et l’Occident. Depuis des décennies, le PKK mène une insurrection contre le gouvernement d’Ankara et entretient des cachettes dans le nord montagneux de l’Irak.
Au début de la réunion du Conseil de sécurité, l’envoyé spécial des Nations unies pour l’Irak avait déclaré que la Turquie et l’Irak étaient prêts à mener une enquête conjointe sur le bombardement d’artillerie de la station balnéaire de Parkha, dans le district de Zakho, dans la région kurde semi-autonome.
Jeanine Hennis-Plasschaert a déclaré que le Premier ministre intérimaire irakien, Mustafa al-Kadhimi, a souligné lors d’une conversation lundi « l’importance d’une enquête transparente et approfondie : indépendante ou conjointe. » Elle le cite en disant qu’il est vital « de mettre un terme aux spéculations, aux démentis, aux malentendus et à la montée des tensions. » L’envoyée de l’ONU a dit comprendre « que la Turquie est également prête à aborder la question conjointement, avec l’Irak, afin de déterminer exactement ce qui s’est passé. »
Fuad Hussein a appelé le Conseil de sécurité à mettre en place « une équipe d’enquête internationale indépendante » pour examiner ce qu’il a appelé « l’agression flagrante » de l’armée turque. Le ministre des Affaires étrangères a déclaré plus tard aux journalistes que l’Irak était également prêt à mener une enquête conjointe avec la Turquie, mais il a précisé qu’ « ils ne nous ont pas approchés » et « ne nous ont jamais envoyé de lettre officielle à ce sujet. »
« Campagne de diffamation »
L’ambassadeur adjoint de la Turquie auprès des Nations unies, Öncü Keçeli, a rétorqué que « nous avons clairement fait savoir que la Turquie était prête à prendre toutes les mesures nécessaires pour dévoiler la vérité », soulignant devant le Conseil que « nos responsables à de nombreux niveaux différents ont transmis le même message. » Il a déclaré que certaines autorités irakiennes étaient sur la même longueur d’onde que la Turquie et « voulaient découvrir la vérité. »
Mais d’autres responsables irakiens, a-t-il dit, « ont choisi l’escalade au lieu de la diplomatie et de la coopération » et ont lancé une « campagne de diffamation » dans les médias visant à creuser un fossé entre les peuples turc et irakien.
M. Hussein a déclaré que le gouvernement irakien était « sûr » que l’armée turque était responsable de l’attaque. Il a rappelé les conclusions de son enquête selon lesquelles l’armée turque dispose de bases dans la zone proche de la station balnéaire, les combattants du PKK n’ont pas été présents dans la zone depuis un mois et l’armée turque utilise des projectiles d’artillerie de 155 mm dont des fragments ont été retrouvés sur les lieux.
Le chef de la diplomatie irakienne a ajouté que de nombreuses personnes dans la zone « nous ont donné suffisamment d’informations sur l’activité des soldats turcs sur place. » Il a appelé le Conseil de sécurité à adopter d’urgence une résolution exigeant que la Turquie retire d’Irak ce qu’il a appelé environ 4 000 soldats de combat et mette fin aux incursions dans l’espace aérien irakien. Öncü Keçeli a rétorqué que « la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Irak sont violées par des organisations terroristes, pas par la Turquie », qui, selon lui, a toujours soutenu la souveraineté de l’Irak.
Crédits photo : Le ministre des Affaires étrangères irakien, Fuad Hussein, en 2020 (Wikimedia Commons).