Malgré la réouverture du passage d’Erez, la bande de Gaza toujours dans la tourmente

Vendredi dernier, l’administration américaine a annoncé qu’elle allait supprimer 200 millions de dollars d’aide aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.

Israël a rouvert lundi le point de passage d’Erez, qui relie l’Etat hébreu à la bande de Gaza, selon une porte-parole du ministère de la Défense. Le terminal, seul moyen d’accès pour les personnes entre l’enclave palestinienne et Israël, avait été fermé le 19 août, à la suite de violences le long de la frontière, comme annoncé par le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman. Deux Palestiniens avaient été tués par des tirs de l’armée israélienne, et 60 autres blessés lors de violentes manifestations survenues le vendredi d’avant. Des responsables du Hamas, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza, avaient rencontré des responsables égyptiens au Caire (Egypte), afin de mettre au point les détails d’une éventuelle trêve avec Israël.

La réouverture du passage d’Erez, légère accalmie au milieu des vives tensions de ces dernières semaines, ne doit pas non plus prêter à de mauvaises interprétations. Car les restrictions concernant la sécurité en vigueur avant sa fermeture courent toujours, selon une porte-parole du Cogat, l’organe du ministère israélien de la Défense chargé de coordonner les activités israéliennes dans les territoires palestiniens. Dans son communiqué, publié hier, Avigdor Lieberman a d’ailleurs précisé que la réouverture d’Erez se faisait seulement « au regard du calme et de la baisse des incidents violents » le long de la frontière israélo-palestinienne. Théâtre, depuis le 30 mars dernier, de violents affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes.

Concessions aux Gazaouis

Les premiers, qui manifestent tous les vendredis depuis près de 5 mois, demandent la levée du blocus terrestre et maritime qui enserre la bande de Gaza, ainsi que le droit au retour des Palestiniens, chassés ou contraints de fuir leur territoire lors de la création d’Israël, en 1948. Le 15 août dernier, les Israéliens ont rouvert Kerem Shalom, le principal point de passage de marchandises entre l’Etat hébreu et l’enclave palestinienne – par où transite l’aide humanitaire notamment. Et, dans le même temps, ils ont supprimé les restrictions imposées dans la zone de pêche à Gaza, afin d’alléger le blocus qui pèse sur les Palestiniens depuis 10 ans maintenant.

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Tel-Aviv semble prête à faire des concessions aux Gazaouis – comme la réouverture du passage d’Erez donc -, si ces derniers renoncent à la violence. C’est le message que souhaite faire passer le ministre israélien de la Défense. D’où la récente accalmie, qui se manifeste notamment par la disparition des cerfs-volants et autres ballons incendiaires, que les Palestiniens envoyaient par les airs sur le territoire israélien. La trêve, à long terme, pourrait éventuellement mener à l’ouverture d’un port maritime pour Gaza. Voire à une coopération économique entre Israël et le territoire palestinien, si l’on en croit les mots du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui travaille de concert avec l’Egypte et les Nations unies (ONU) à la pacification des relations israélo-palestiniennes.

Retrait des Etats-Unis

« Les efforts des Egyptiens ont permis de ramener le calme entre les factions palestiniennes et Israël, ce qui va mettre un terme à l’escalade actuelle » avait affirmé un responsable palestinien le 9 août dernier. Les deux parties venaient alors de s’entendre sur la mise en place d’une trêve, destinée à mettre fin aux affrontements, qui n’a cependant pas fait l’objet d’une quelconque annonce officielle. En attendant un éventuel arrêt des combats, l’ONU et la Palestine doivent composer avec, d’un côté, une urgence humanitaire dans la bande de Gaza et, de l’autre, un désengagement financier progressif de la part des Etats-Unis. Qui ne cachent plus leur tropisme israélien.

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Vendredi dernier, l’administration américaine a annoncé qu’elle allait supprimer 200 millions de dollars d’aide aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Une coupe sèche qui s’ajoute à la franche réduction de sa participation à l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (de 125 millions de dollars à 60 millions de dollars), annoncée en janvier dernier. La raison officielle ? Les Etats-Unis, qui contribuaient jusqu’à présent à hauteur de 30 % au budget de l’UNRWA, souhaiteraient que d’autres pays sortent un peu plus le chéquier. Officieusement, Donald Trump, soutien de Benyamin Nétanyahou au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, semble tout faire pour contenter son allié israélien. Ce qui n’arrange pas les affaires des Gazaouis – ni, globalement, celles des Palestiniens.

Source : OCHA Palestine

 

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