« Hamdok a une vision et des priorités claires pour le Soudan »

Le nouveau Premier ministre soudanais a des défis de taille à relever s’il veut éviter de nouvelles contestations.

Pour la première fois en trois décennies, le Soudan a jeté les bases d’une éventuelle sortie du pouvoir militaire, après la formation d’un gouvernement d’union nationale et de transition entre le mouvement pro-démocratique et les généraux. Ceux-là même qui avaient renversé le « président-dictateur » Omar al-Bachir en avril dernier.

« Statut de paria mondial »

Les dirigeants civils et militaires qui composent aujourd’hui le conseil souverain dirigé par l’armée ne se sont réunis sous une pression internationale intense qu’après la répression des manifestations qui menaçaient de faire dérailler la transition et faisaient craindre une guerre civile, note toutefois l’agence de presse AP. Qui évoque une « fragile transition » et « une série de défis de taille » que connaîtront très bientôt les membres du gouvernement.

Le Soudan a effectivement connu des décennies de guerre et de corruption qui ont laissé l’économie dans un état exsangue. Le pays est entré en récession en 2018 et une croissance négative (-2,3 % du PIB) est de nouveau attendue pour cette année. Le chômage, surtout chez les jeunes, n’est pas près de se résorber (12,9 % en 2018), et de nombreuses infrastructures manquent cruellement d’investissements. Globalement, le climat des affaires n’est pas bon ; « La désignation terroriste par les Etats-Unis a entravé le retour du Soudan de son statut de paria mondial de longue date », résume l’agence AP.

« Bonne première rencontre »

Le nouveau Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, économiste respecté, doit à présent convaincre la communauté internationale que le Soudan est ouvert au commerce. Mais cela pourrait paradoxalement nécessiter des mesures d’austérité douloureuses, ravivant ainsi la colère populaire qui avait éclaté en décembre 2018. Et mené à la chute d’Omar al-Bachir.

Tweet de l'ambassadeur britannique au Soudan, Irfan Siddiq, le 25 août 2019.

D’après Irfan Siddiq, l’ambassadeur britannique à Khartoum, « le docteur Hamdok a une vision et des priorités claires pour le Soudan. Le Royaume-Unis s’est engagé à soutenir son gouvernement pour réussir la transition et apporter stabilité, prospérité et normalisation internationale », a-t-il tweeté après une « bonne première rencontre avec le nouveau Premier ministre du Soudan » le 25 août. Des paroles qui appellent des actes désormais.

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