Yémen : l’Arabie saoudite continue de pilonner les populations civiles

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27.12.2017

Mardi dernier, un raid de la coalition saoudienne a provoqué la mort de 14 civils et plusieurs rebelles houthistes.

L’armée yéménite a annoncé mercredi que des dizaines de combattants de la milice Houthi ont été tués et blessés à la suite des raids aériens intensifs de la coalition de l’Alliance arabe sur leurs positions dans la province d’al-Jawf, au nord du Yémen. Le site Internet officiel de l’armée yéménite de citer une source sur le terrain : « Les raids aériens visaient des sites et des mécanismes de combat et de stockage d’armes de la milice située dans le camp de Ham, à la direction de Mitoun, au nord de la province ». Selon cette dernière, les raids ont fait des morts et des blessés au sein de la milice, en plus de la destruction de véhicules lourds, d’armes et de munitions.

Mardi, des frappes aériennes ont également eu lieu dans la localité d’Al-Haima, au nord-est de la ville de Taëz, tuant 11 rebelles ainsi que 14 civils sur un marché, selon des habitants et un responsable de l’administration locale – loyaliste. Ce dernier, sous couvert d’anonymat, d’affirmer que les frappes avaient été menées par « erreur », dans une région où la coalition tente de soutenir un « soulèvement de la population » contre les rebelles Houthis. Taëz, grande ville du sud-ouest du Yémen, est effectivement contrôlée par les forces du président Abdrabbo Mansour Hadi, bien qu’encerclée par les insurgés.

Lourdes pertes

D’autres attaques ont également visé un rassemblement de miliciens dans un camp d’entraînement dirigé par le chef Houthi Abdul-Malik al-Houthi, dans la vallée de Soda Madhab, située entre Burt al-Marashi et Harf Soufian, au nord-ouest de Sanaa. L’armée yéménite, avec l’aide des forces aériennes de la coalition emmenée par l’Arabie saoudite, a ainsi libéré de vastes zones dans la province frontalière d’al-Jawf. Plus particulièrement, ils ont pris le contrôle de la région et du camp stratégique d’Ajashr et ont consolidé Jawf et Saada, le principal bastion de la milice Houthi dans l’extrême nord du Yémen.

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Mi-décembre, déjà, les forces loyalistes avaient annoncé avoir réalisé une percée vers Sanaa et, selon leur Centre des médias, le commandant de l’axe de Saada, Obaid al-Athla, avait alors déclaré que les rebelles recevraient d’autres frappes aériennes. C’est chose faite. Prochaine étape : la reprise de la capitale, actuellement aux mains des Houthis. Qui, depuis que l’ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a décidé de se rapprocher de l’Arabie saoudite début décembre, tournant le dos à ses anciens alliés houthistes, subissent de lourdes pertes en hommes et en matériels. La coalition saoudienne avait profité de la désorganisation entrainée par ce changement d’alliance – qui entrainera la mort de M. Saleh, tué par les rebelles – pour reprendre ses frappes.

Situation humanitaire

Problème : Riyad est accusée, depuis longtemps déjà, de ne pas faire dans la dentelle et de viser aussi bien les populations civiles que militaires. Elle est, comme les autres parties au conflit, sous le coup d’une enquête internationale depuis que le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a décidé, fin septembre, d’envoyer des enquêteurs sur place pour étudier d’éventuels cas de violation des droits humains. Depuis que l’Arabie saoudite a intégré le conflit yéménite – afin de s’opposer à l’avancée des Houthis, supportés par l’Iran -, le bilan s’élève à près de 9 000 morts. Sans compter les 7 à 8 millions de Yéménites en situation de quasi-famine, selon l’ONU.

Outre les victimes et les dizaines de milliers de personnes déplacées, le Yémen fait aujourd’hui face à une crise humanitaire « comme le monde n’en a plus connu depuis de nombreuses décennies » déplorait Mark Lowcock, le chef du Bureau pour les affaires humanitaires des Nations unies, le 1er décembre dernier. Une situation qui s’était passablement envenimée en novembre, alors que les autorités saoudiennes , après qu’un tir de missile effectué par les Houthis avait été stoppé dans le ciel de Riyad début novembre, avaient décidé d’installer un blocus autour du Yémen. Finalement levé, face à la gravité de la situation humanitaire dans le pays.

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