Paris une fois de plus sommée de cesser ses ventes d’armes à l’Egypte

Depuis 2014, le chiffre d’affaires des entreprises françaises de l’armement en Egypte s’établit à 7 milliards d’euros.

L’Elysée a beau avoir précisé, vendredi dernier, qu’il n’y aurait pas de contrats d’armements lors de la visite d’Emmanuel Macron au Caire, du 27 au 29 janvier. Le « mal » est fait. La veille de cette annonce, plusieurs organisations de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont effectivement (r)appelé la France à cesser ses exportations d’armes vers l’Egypte. Accusant par-là même le chef de l’Etat français de cautionner la politique répressive d’Abdel Fattah al Sissi.

« Répression interne »

Initialement, lors de ces trois jours à 1 milliard d’euros (de contrats pour Paris), Le Caire devait confirmer la rallonge de 12 Rafale promise – en 2015, elle avait acheté 24 appareils à la France -, mais qui n’aura donc pas lieu. Cette fois-ci. Les discussions sur la transaction, entre industriels notamment, étant sur le point de s’achever, de l’aveu de la présidencer française. Qui, en plus des joujoux de Dassault, aura réussi à refourguer à l’Egypte plusieurs navires (dont trois corvettes en cours de construction), entre autres, faisant grimper le chiffre d’affaires des groupes français à 7 milliards d’euros depuis 2014.

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Problème : si les autorités françaises comme égyptiennes justifient cette étroite relation par la coopération entre les deux pays dans la lutte antiterroriste que mène Le Caire, des armes tricolores ont pu se retrouver sur des terrains « plus intérieurs ». Dans un rapport publié en octobre dernier, Amnesty International dénonçait ainsi la livraison de blindés français fabriqués par Renault Trucks, utilisés « dans certaines des opérations les plus sanglantes de la répression interne » entre 2012 et 2015. Et accusait Paris de violer le droit international par conséquent.

Crimes de guerre

« Nous renouvelons notre appel à la France à cesser ces exportations, le pays étant lié par ses engagements internationaux et européens sur la vente d’armes, a d’ailleurs déclaré lors d’une conférence de presse Antoine Madelin, membre de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). Nous demandons une présomption de refus à ces ventes tant qu’il n’y a pas de garantie quant au caractère licite » de l’usage de ces matériels, a-t-il ajouté. Sans grand espoir, vraisemblablement, d’être entendu. Car Emmanuel Macron ne sacrifiera jamais une relation commerciale juteuse sur l’autel de quelque principe humaniste.

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Les mêmes ONG, ainsi que certains politiques (qui aimeraient vivement que les ventes d’armes cessent d’échapper au contrôle démocratique), critiquent également la France pour son « commerce de la mort » avec Riyad. Qui, d’ailleurs, aide bien l’Egypte en finançant une partie de ses importations d’armes. Mais sans aucun résultat là non plus. Précisons toutefois qu’à cause de l’intervention catastrophique des Saoudiens au Yémen, Paris se retrouve dans l’illégalité la plus totale. Et risque procès sur procès, pour crimes de guerre notamment. Juste à titre de rappel.

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