En Arabie saoudite, des femmes de combat

Malgré de nombreuses ouvertures à leur égard, la condition des Saoudiennes est encore très restrictive.

Des femmes se battront-elles bientôt aux côtés des hommes, en Arabie saoudite ? Il y a quelque temps, le ministère de l’Intérieur annonçait que les Saoudiennes pourraient faire acte de candidature pour certains postes dans l’armée. Et ceci dans quelques provinces du royaume, comme Al-Qasim (centre), Médine (ouest), La Mecque (ouest) et Riyad (centre). A deux ou trois conditions cependant : les candidates doivent avoir grandi dans le pays, avoir entre 25 et 35 ans et avoir fait des études supérieures. Elles avaient jusqu’à aujourd’hui pour postuler.

La (future) présence de femmes dans l’armée saoudienne résulte directement de l’élan progressiste et moderniste que souhaite insuffler au pays Mohamed ben Salman (dit « MBS »), le prince héritier, et plus particulièrement sa volonté de stimuler la participation des Saoudiennes à la vie économique et publique du royaume. Le but ? Faire progresser le taux de femmes possédant un emploi de 22 % à plus de 30 % d’ici 2030. Et, surtout, laver l’image traditionnelle, voire rigoriste, de l’Arabie saoudite.

Une petite révolution

C’est l’un des défis que s’est lancés le fils de l’actuel monarque, le roi Salman, depuis qu’il a débarqué sur le devant de la scène nationale, l’an dernier. Agé de 32 ans, le futur souverain réforme « son » royaume à tout crin pour tenter de le « vendre » au monde comme un pays fréquentable. En novembre dernier, par exemple, la purge historique conduite en Arabie saoudite devait servir à nettoyer l’appareil d’Etat de la corruption, qui gangrène le budget du pays – par ailleurs impacté par la chute des cours de l’or noir.

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De la même manière, ses déclarations peu fraternelles à l’encontre du clergé saoudien signifient clairement que, désormais, il faudra faire avec moins de religieux en Arabie saoudite. Et, donc, plus d’ouverture, à l’égard notamment de la jeunesse – 65 % de la population ayant moins de 30 ans – et des femmes. Mi-février, le gouvernement saoudien annonçait ainsi que les Saoudiennes seraient autorisées à créer leur propre entreprise, après leur avoir reconnu le droit de conduire en décembre dernier. Une petite révolution, assurément.

Tutelle masculine

S’il faut se réjouir que la condition féminine évolue, dans un pays à l’importance centrale, au cœur du Moyen-Orient, il est possible de se demander si les Saoudiennes ne représentent pas la parfait « caution progressiste » du tacticien ben Salman. Dont le pays, d’une main, continue d’enfermer toute voix susceptible de critiquer la politique nationale – d’après Reporters sans frontières, il y aurait au moins une quinzaine de journalistes dans les geôles du royaume – mais libère la femme de l’autre.

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Une libération, d’ailleurs, toute relative, puisque de nombreuses restrictions jonchent encore le quotidien des femmes en Arabie saoudite. En vertu du système de la tutelle masculine, celles-ci doivent par exemple obtenir la permission d’un homme de leur famille pour leurs études, leurs voyages et d’autres activités. Et, s’agissant des postes dans l’armée qui leur étaient ouverts, il faut que cette tutelle masculine réside à proximité du lieu de l’emploi, ont indiqué les autorités. Les Saoudiennes ont encore quelques batailles devant elles.

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