Dans le cadre de la « marche du retour », des « soldats israéliens ont commis des violations des droits de l’Homme » selon l’ONU.
Israël et, plus précisément, ses forces de sécurité, ont-ils commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité le long de la frontière avec la bande de Gaza ? Des enquêteurs des Nations unies (ONU) ont annoncé, jeudi 28 février, avoir de moins en moins de doutes sur la question, alors qu’au moins 189 Palestiniens ont été tués par Tsahal (l’armée israélienne) et plus de 6 100 blessés, l’an dernier, dans le cadre de la « grande marche du retour », selon Reuters.
« Violations du droit international »
La commission indépendante créée par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, en mai dernier, pour enquêter sur d’éventuelles violations du droit international en marge des manifestations, a précisé qu’elle disposait d’informations confidentielles sur les individus qu’elle pense être responsables de la mort de ces Palestiniens. Dans un communiqué publié jeudi, le président de la commission, l’Argentin Santiago Canton, a ainsi déclaré :
« La commission a des motifs raisonnables de croire qu’au cours de la grande marche du retour, les soldats israéliens ont commis de violations du droit international humanitaire et des droits de l’Homme. Certains de ces violations peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité et doivent immédiatement faire l’objet d’une enquête par Israël. »
Les autorités israéliennes ont rapidement démenti, dans la matinée, les allégations de la commission, qualifiant son rapport de « théâtre de l’absurde ». Pour le ministre israélien des Affaires étrangères par intérim, Israel Katz, le Conseil des droits de l’Homme a « accouché d’un nouveau rapport hostile, mensonger et biaisé contre l’Etat d’Israël […]. Nul ne peut dénier à Israël le droit à l’autodéfense et l’obligation de défendre ses ressortissants et ses frontières face à des attaques violentes. »
Un Palestinien de 15 ans abattu
C’est pourtant précisément ce que font les enquêteurs de l’ONU, qui ont affirmé dans leur rapport : « Les forces de sécurité israéliennes ont tué et mutilé des manifestants palestiniens qui ne constituaient pas une menace imminente de mort ou de blessures graves pour autrui lorsqu’ils ont été visés, et qui ne participaient pas non plus directement à des hostilités. »
Le 22 février dernier, le ministère gazaoui de la Santé annonçait que l’armée israélienne avait abattu un garçon de 15 ans, alors qu’elle agissait selon elle contre des émeutiers, qui tentaient de lancer des grenades et autres engins explosifs sur Israël. Quelques jours avant, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait mis en garde contre « les incidents de sécurité et les provocations du Hamas et d’autres militants à Gaza », régulièrement avancés par Israël pour justifier ses tirs de « riposte ».
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