Le plan de réponse humanitaire pour 2018, chiffré à 1,5 milliard de dollars, n’est financé qu’à hauteur de 25 % pour l’instant.
L’un des signes caractéristiques d’un Etat en décrépitude est l’incapacité à prévenir les – ou, du moins, réagir aux – dégâts causés par les événements naturels de grande ampleur. La Somalie en est, malheureusement, la preuve un peu plus chaque année. La semaine dernière, selon les services de l’Etat, l’activité pluviométrique a diminué dans l’ensemble du pays, après que d’intenses chutes d’eau, depuis le mois de mars, avaient fait considérablement augmenter le niveau des cours d’eau somaliens. Qui reste malgré tout très élevé, rendant très probables de nouveaux cas d’inondations ou de débordements.
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Dans un communiqué publié récemment, le Bureau des Nations unies (ONU) pour l’aide humanitaire (OCHA) en Somalie indique que « les inondations et la tempête ont fait des morts et ont affecté les moyens de subsistance, le bétail, les abris et les infrastructures clés dans tout le pays. » Le bilan, effectivement, est lourd – et n’a rien de définitif… « On estime que 794 761 personnes ont été touchées par les inondations dans les Etats du sud et du centre et que plus de 231 335 personnes sont temporairement déplacées » renseigne également l’organe onusien. Qui ajoute : « Jusqu’à présent, 21 personnes sont décédées ».
Redoutant un bilan extrêmement lourd, « les partenaires humanitaires sur le terrain ont donné la priorité à l’eau, à l’assainissement, à l’hygiène, à la santé, au logement et à la réponse alimentaire » indiquait Stephane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies, fin avril. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a livré 4,5 millions de tonnes de médicaments et autres fournitures médicales à Belet Weyne, capitale de la province de Shabelle (sud). Quant aux troupes de maintien de la paix de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), elles ont évacué 10 000 résidents de cette zone.
Instabilité quasi structurelle
Ce qui compte, à présent ? Renforcer et, surtout, pérenniser cette aide globale. Car les acteurs présents en Somalie espèrent des fonds supplémentaires pour pouvoir poursuivre leurs efforts. Et, pour rappel, le plan de réponse humanitaire pour 2018 en Somalie, chiffré à 1,5 milliard de dollars (avant inondations), n’est financé qu’à hauteur de 25 % pour l’instant. Or, il y a urgence à assurer en grande partie – si ce n’est l’intégralité de – ce financement ; les personnes a priori non touchées par les inondations subissent indirectement la situation. En cause, notamment : « l’accès aux approvisionnements alimentaires, limité, car les principales voies sont impraticables » d’après l’OCHA.
Idem, les fournitures médicales posent problème ; leur nombre est largement insuffisant pour répondre aux besoins croissants de la population. Quand l’accès aux villages touchés reste amoindri en raison de routes impraticables et de l’insécurité stagnante. Outre les catastrophes naturelles qui frappent le pays de la Corne de l’Afrique, celui-ci connait depuis de nombreuses années une instabilité quasi structurelle, à cause, notamment, des terroristes Shebab, qui occupent la majeure partie du sud et du centre de la Somalie. Et n’hésitent pas à frapper dans ces régions – la capitale, Mogadiscio, surtout -, rendant difficile, voire impossible, l’assistance aux citoyens. Laissés-pour-compte ?
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