L’exécutif demeure l’une des manifestations des lourdes dissensions qui existent entre le Fatah et le Hamas en Palestine.
Le gouvernement palestinien, basé à Ramallah, a soumis mardi sa démission au président Mahmoud Abbas. Qui, d’après l’agence officielle Wafa, l’a acceptée, alors que règnent en ce moment des dissensions persistantes et délétères entre organisations palestiniennes. Le cabinet continuera toutefois à « assumer toutes ses responsabilités jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé », a ajouté Wafa, citant un communiqué du conseil des ministres réuni à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Signe de protestation
Le Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, en place depuis 2013, avait déclaré lundi mettre son gouvernement « à la disposition du président » de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas. Celui-ci, interlocuteur privilégié de la communauté internationale et sans véritable contre-pouvoir au sein de l’AP, aura donc la tâche de former une nouvelle coalition exécutive. Ce qui, selon certains analystes, devrait isoler un peu plus les « rivaux » du Hamas, le parti islamiste au pouvoir à Gaza.
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Depuis 2006 et une quasi guerre civile entre le Fatah (« épine dorsale » de l’AP) et le Hamas, les deux partis entretiennent des relations extrêmement froides. A l’époque, la communauté internationale (qui reconnait l’AP comme seul interlocuteur) n’avait pas voulu admettre la victoire du Hamas aux élections législatives (41 % des voix contre 36 % pour Ramallah). Les islamistes s’étaient alors emparés de la bande de Gaza (sud d’Israël) en signe de protestation. Et des exactions avaient eu lieu des deux côtés.
Pacification des relations
Aujourd’hui, le gouvernement palestinien demeure l’une des manifestations des lourdes dissensions qui existent entre les deux « frères ennemis ». « Le Fatah est un mouvement de libération nationale apparu à la fin des années 1950 et devenu la principale force du nationalisme palestinien », indiquait en 2006 Jean-François Legrain, chercheur au CNRS. « Le Hamas est un mouvement de Frères musulmans qui a pour mot d’ordre principal la prédication active d’une certaine lecture de l’islam. »
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Les deux partis peuvent toutefois se retrouver sur certains points. Comme, par exemple, la création d’un Etat palestinien et la fin de la colonisation israélienne. Seul le Fatah accordant à l’Etat hébreu le droit d’exister. En novembre 2017, les leaders palestiniens devaient se rencontrer au Caire, qui chapeaute le processus de paix israélo-palestinien, en vue d’un retour du Fatah dans la bande de Gaza. Et d’une pacification des relations entre les deux partis. Qui n’a toujours pas eu lieu.
