Ankara, ne souhaitant pas dialoguer avec les forces kurdes, s’est empressée de rejeter l’offre de Paris.
Hier, Emmanuel Macron a reçu une délégation de la coalition kurde en Syrie à l’Elysée. Un rendez-vous diplomatique qui intervient alors que la Turquie a pris possession d’Afrin, à la mi-mars, après deux mois d’offensive contre l’enclave kurde, au nord-ouest de la Syrie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, souhaitait en effet chasser de la frontière les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), considérées par Ankara comme terroriste – car affiliées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) irakien.
« Pas de nouvelle opération militaire »
Asiya Abdellah, l’une des représentantes kurdes, a ainsi annoncé que Paris – qui s’était appuyée, tout comme les membres de la coalition contre le groupe Etat islamique (EI), sur les Kurdes pour chasser les djihadistes de la région – enverrait prochainement des soldats à Manbij (nord). La ville, reprise aux mains de Daesh (acronyme arabe de l’EI) en 2016, est la prochaine cible de M. Erdogan, alors que la Russie et les Etats-Unis – ces derniers en ayant le contrôle – l’avaient enjoint à ne pas l’attaquer. Washington et Ankara sont d’ailleurs en plein pourparlers.
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« La coopération va être renforcée » a déclaré, hier, la responsable kurde, au sortir de l’Elysée, tandis que Khaled Issa, le représentant du Kurdistan syrien (Rojava), a indiqué que « la France va renforcer son dispositif militaire » dans la région. Une information que l’Elysée a démentie ce vendredi : Paris « ne prévoit pas de nouvelle opération militaire sur le terrain dans le nord de la Syrie en dehors de la coalition internationale anti-Daesh » a effectivement fait savoir à l’AFP la présidence française. Qui n’en demeure pas moins impliquée dans le dossier.
Faire pression sur la Turquie
« Il faut poursuivre ce combat ensemble » a également précisé l’Elysée, qui s’inquiète « des risques de résurgence de Daesh » en Syrie – comme en Irak. Emmanuel Macron souhaite par conséquent « qu’un dialogue puisse s’établir entre les [Kurdes] et la Turquie avec l’assistance de la France et de la communauté internationale » a fait savoir la présidence tricolore. Une médiation boudée aujourd’hui par Ankara, qui a rejeté « tout effort visant à promouvoir un dialogue […] entre la Turquie et ces groupes terroristes » selon le porte-parole de M. Erdogan.
Dans le même temps, Turcs et Américains devaient se rencontrer à Washington pour évoquer le dossier Manbij, alors que les deux pays – qui font partie de l’OTAN – ont mis en place des groupes de travail sur la question. Ankara demande aux Etats-Unis de cesser d’armer les YPG et de se retirer à l’est de l’Euphrate, ce qu’ils avaient promis de faire sous Barack Obama, déjà. De son côté, la France devrait chercher à inciter ses voisins européens à faire pression sur la Turquie, pour qu’elle stoppe son avancée militaire dans le nord de la Syrie.
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