Le gendre de Donald Trump a d’ores et déjà annoncé que le plan ne mentionnerait pas la « solution à deux Etats ».
Jared Kushner, le gendre du président américain Donald Trump, est en ce moment même en tournée dans le monde arabe, afin de « vendre » les solutions imaginées par Washington pour parvenir à la fin du conflit israélo-palestinien. Ceci alors que le processus de paix est au point mort depuis 2014, et que les Palestiniens boycottent l’administration américaine après que les Etats-Unis, soutiens inconditionnels d’Israël, ont reconnu Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu en décembre 2017.
Mardi 28 mai, Jared Kushner était donc à Rabat, au Maroc, où il a rencontré le roi Mohammed VI. Les discussions, menées avant un dîner de rupture du jeûne du ramadan, ont porté sur « les évolutions et les développements que connaît la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient », ainsi que sur le partenariat stratégique entre les Etats-Unis et le pays du Maghreb, a indiqué à l’AFP un porte-parole du palais royal. L’occasion, surtout, pour le gendre de M. Trump, de préciser qu’il dévoilerait le volet économique de son plan tant attendu les 25 et 26 juin, lors de la Conférence de Manana, au Bahreïn.
« Solution à deux Etats »
Ce rendez-vous majeur, intitulé « De la paix à la prospérité », accueillera un nombre important d’investisseurs internationaux. Et selon la présidence américaine, il représente une opportunité sérieuse pour « encourager le soutien à des investissements et initiatives économiques potentiels, qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix ». Celui-ci n’étant dès lors qu’un moyen, aux yeux des Américains, pour parvenir à « financiariser » le Proche-Orient ? Une chose est sûre : Jared Kushner, comme il l’avait annoncé début mai, devrait délaisser la « solution à deux Etats » dans son plan, qui prévaut pourtant dans ce dossier depuis de nombreuses années.
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Les Palestiniens ont d’ores et déjà fait savoir, par la voix de Saëb Erakat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qu’ils rejetaient toute tentative visant à promouvoir « une normalisation économique de l’occupation israélienne de la Palestine ». « Notre objectif n’est pas d’améliorer les conditions de vie sous l’occupation, mais d’atteindre le plein potentiel de la Palestine en mettant fin à l’occupation israélienne », a-t-il ajouté. Autrement dit : la « solution à deux Etats » est la seule qui vaille. Les Palestiniens pouvant visiblement compter, à ce titre, sur le soutien de la Jordanie.
Inertie géopolitique
Après Rabat, Jared Kushner s’est rendu à Amman, mercredi 29 mai, où il a rencontré le roi Abdallah II, qui a effectivement insisté sur la « nécessité de multiplier les efforts pour aboutir à une paix globale et durable fondée sur la solution à deux Etats qui garantirait l’établissement d’un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale », d’après un communiqué du palais. La Jordanie, bien que pays allié des Etats-Unis, est dépositaire des lieux saints musulmans à Jérusalem, et accueille selon les Nations unies près de 2,2 millions de réfugiés palestiniens (sur 6,6 millions de Jordaniens).
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Face à ce qui ressemble de plus en plus à de l’inertie (géo)politique, Jared Kushner, fin tacticien (?), a souhaité prendre à témoin les populations de Cisjordanie et de Gaza, qui connaissent actuellement une situation humanitaire désastreuse. Selon lui, les solutions américaines aideront les Palestiniens « à avoir de la dignité » et paraissent « très acceptable[s] pour eux ». « La question à présent se pose de savoir si les dirigeants ont le courage de monter à bord [afin d’] améliorer la vie de leur peuple », estimait-il début mai.
Une autre question, plus d’actualité, mérite d’être également posée : qu’adviendra-t-il du plan américain de paix israélo-palestinien, maintenant que la Knesset a été dissoute et que de nouvelles élections doivent avoir lieu en septembre ?

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