« Nous sommes tous Ahed Tamimi »

La jeune femme est à la Palestine ce que Nelson Mandela a été à l’Afrique du Sud.

Peut-on comparer Ahed Tamimi à Nelson Mandela ? Oui, selon Nadia Elia, écrivaine et observatrice politique issue de la diaspora palestinienne. Et pour deux raisons au moins. La jeune femme de 17 ans, véritable symbole de la résistance palestinienne face à l’oppression israélienne, vient de retrouver la liberté après huit mois passés en prison. Cible numéro 1 du régime israélien après qu’elle avait « osé » gifler un soldat en décembre dernier, Ahed Tamimi, icône de la contestation en Palestine depuis l’âge de 11 ans, se voit régulièrement accusée par Tel-Aviv d’activités terroristes. Tout comme l’ancien président sud-africain, qui avait quant à lui passé pas moins de 27 ans dans les geôles de son pays.

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Le tort de la jeune Palestinienne ? Tenir la dragée haute aux autorités israéliennes, s’afficher en tête de cortège lors des manifestations anti-colonisation – et tout ceci alors qu’elle n’a pas 18 ans. Voici la seconde raison pour laquelle la similitude entre Ahed Tamimi et Neslon Mandela relève de l’évidence : la première a été érigée en véritable icône de la lutte contre toute forme d’oppression. Si bien que, partout dans le monde, quiconque se réclame du combat pour la liberté connait l’identité et le parcours de la jeune femme. D’après Nadia Elia, en effet, « ceux qui ont soif de justice dans le monde entier regardent vers la Palestine ». Hier, ils regardaient vers le sud de l’Afrique, où Nelson Mandela combattait l’apartheid.

Porte-étendard 

Les Israéliens n’ont donc pas seulement commis l’erreur de grignoter un territoire qui ne leur appartient pas. Ils ont oublié le poids de l’image, du symbole, et à quel point celui-ci peut fédérer. Aussitôt sortie de prison, Ahed Tamimi a prononcé des mots qui, à coup sûr, résonnent en ce moment dans l’esprit de nombreux Palestiniens. « Ma joie sera incomplète tant que tous les prisonniers ne seront pas libérés. J’espère que tout le monde suivra ce chemin de résistance » a-t-elle martelé face caméra. Avant que le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, ne la reçoive et la décrive comme un modèle de la lutte palestinienne pour la liberté. « Nous sommes tous Ahed Tamimi » écrivait d’ailleurs Nadia Elia en mars dernier.

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Hasard du calendrier, il y a quelques jours, un député arabe israélien a annoncé sa démission après le vote, par le Parlement, de la loi consacrant Israël comme l’ « Etat-nation du peuple juif ». Et dont l’une des conséquences est de sortir l’arabe des langues officielles du pays. Tout un symbole, alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer la posture très vindicative de l’Etat hébreu vis-à-vis des Palestiniens et, plus largement, du peuple arabe. Israël n’a donc plus d’autre choix que de modérer ses ardeurs, sous peine de voir grossir la contestation à son égard – en Palestine comme ailleurs. Contestation qui vient de retrouver son porte-étendard en la personne d’Ahed Tamimi.

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