Le prince saoudien redoute une guerre armée entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Et appelle Téhéran à plus de mesure.
Interviewé par la chaîne américaine, CBS, Mohammed ben Salmane s’est montré particulièrement pessimiste sur le dossier de l’ennemi héréditaire iranien. Pour l’intéressé, un conflit armé entre les deux nations n’engendrerait rien d’autre qu’un cataclysme économique mondial.
« Si le monde n’agit pas fortement, fermement, pour dissuader l’Iran, nous assisterons à une escalade encore plus grave qui menacera les intérêts mondiaux. »
Les dernières semaines ont en effet été marquées par de violents incidents entre Riyad et Téhéran avec au menu des attaques de drones présumées iraniennes contre des installations pétrolières saoudiennes. De quoi faire sortir « MBS » de ses gonds :
« Il n’y a pas d’objectif stratégique. Seul un dingue attaquerait 5% de l’approvisionnement mondial. Le seul but stratégique est de prouver qu’ils sont stupides et c’est ce qu’ils ont fait. »
… Mais aussi plusieurs piratages de pétroliers en mer d’Oman… Avec en scène toujours les mêmes protagonistes.
« La région représente environ 30% de l’approvisionnement mondial en énergie, à peu près 20% du trafic mondial de marchandises, environ 4% du PIB du monde. Imaginez que ces trois choses-là s’arrêtent toutes », a ainsi poursuivi le sulfureux prince, affaibli par l’affaire Khashoggi.
Sur ce dernier point, l’Iran a décidé de protéger drastiquement ses navires appelés à traverser les golfes d’Aden, d’Oman, ainsi que le détroit d’Ormuz. Ces derniers voyant transiter chaque jour 30% de la production planétaire d’or noir vers l’océan Indien. Pour cela, le géant perse a dépêché sur place son navire de guerre le plus dissuasif dans la zone Et pour cause, l’Iran est suspecté par l’Arabie saoudite d’avoir orchestré au mois de mai le sabotage de deux de ses pétroliers à proximité de la ville émiratie de Fujairah.
Peu de certitudes…
Si le ministre saoudien de l’Energie, Khalid al-Falih, avait alors confirmé qu’aucun blessé et fuite de carburant n’étaient à déplorer, l’intéressé avait toutefois fustigé les importants dégâts constatés à bord des embarcations. Plus troublant, l’une d’elle prenait la direction du terminal saoudien de Ras Tanura pour se recharger en pétrole au profit de clients américains.
Une donnée qui n’est, bien sûr, pas de nature à rassurer les Etats-Unis, proches alliés du royaume. Sachant que l’oncle Sam n’a pas hésité, en novembre 2018, à réimposer des sanctions drastiques envers Téhéran. Et cela, en dénonçant l’accord sur le nucléaire signé en grande pompe, à Vienne, en juillet 2015.
Depuis, la situation n’a fait que s’aggraver, avec “au menu” plusieurs attaques de navires, des drones abattus, ainsi que des pétroliers saisis. Mais ce n’est pas tout, car le président américain, Donald Trump, a annulé en juin, au plus fort de la crise, des frappes aériennes contre l’Iran après la destruction d’un drone US par les forces de la République islamique.
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a reproché aux Etats-Unis une pression constante sur les navires perses dans les eaux internationales. Mais aussi une entrave à leur liberté de navigation.
