Pour la responsable politique, la situation politique, économique et sociale, en Algérie, ne peut plus durer.
L’Algérie est-elle à l’aube de changements profonds ? Hier, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, ouvrier et indépendant), Louisa Hanoune, a rappelé au chef de l’Etat algérien sa volonté de mettre en place une Assemblée nationale constituante dans le pays. « Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, doit adopter la proposition de notre parti, qui consiste en la mise place d’une Assemblée nationale constituante, dont la mission est de désigner un gouvernement selon la nature politique du pays. Elle sera composée de technocrates et dotée de pleins pouvoirs pour établir un calendrier électoral pour élire les différentes instances du pouvoir », a-t-elle effectivement affirmé lors d’une rencontre avec les cadres de son parti.
« Une réelle corvée »
Car, pour Louisa Hanoune, la situation – politique, économique, sociale – de l’Algérie, actuellement, ne peut perdurer. En février dernier, déjà, elle avait lancé une pétition pour demander à M. Bouteflika d’instaurer un vote pour une constituante. Pour l’instant sans succès, donc. Mais il est primordial, selon elle, de réviser la loi de finances pour 2018, afin de stopper la misère ambiante et lutter contre la corruption – mais également contre la dilapidation de l’argent public et l’évasion fiscale. D’où la nécessité d’une « refondation politique » pour sortir de l’inertie actuelle, car, rappelle-t-elle, « ce sont les politiques qui combattent les injustices sociales, les inégalités régionales [et] consacrent l’égalité sur l’ensemble du territoire devant les services publics. »
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Le point de départ de son élan contestataire ? La récurrence de la crise du lait, due en (bonne) partie à la politique d’austérité pratiquée par le gouvernement, qui pourrait être « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». « Le lait fait partie des besoins les plus élémentaires des familles pauvres et revenir à faire des chaînes pour un sachet de lait est un facteur de stress et de hogra [sentiment d’exclusion ou d’oppression injuste, ndlr] » explique-t-elle. Effectivement, comme l’indiquait en décembre dernier le média Algérie éco, « une réelle corvée attend les citoyens chaque jour à l’aube, entre faire la queue devant l’épicerie, ou carrément devant l’usine de fabrication et de distribution. Les citoyens tentent toutes les possibilités. »
Flambée des prix
Si l’ensemble des acteurs – Etat et distributeurs notamment – se rejettent la faute, la crise du lait « est un fait déstructurant, d’autant plus que les prémices d’une révolte sont omniprésentes » a averti récemment Louisa Hanoune. Qui n’en partage pas moins la vision du chef de l’Etat algérien – et, donc, du gouvernement – sur la situation actuelle et future de l’Algérie, tout en lui rappelant néanmoins le devoir qui est le sien d’assurer l’égalité entre Algériens – voire même la prospérité. « C’est à l’Etat qu’incombe la responsabilité d’immuniser notre pays et préserver la cohésion sociale [ce qui] ne peut se faire que via une politique en adéquation avec les aspirations, les revendications et les besoins de la majorité » estime la cheffe du PT.
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Et le plus vite sera le mieux, selon elle. Car 2018, déjà bien entamée, est une année charnière, avant celle de l’élection présidentielle en 2019 ; ce que redoute Louisa Hanoune : que la non-intervention d’Abdelaziz Bouteflika, en plus de faire perdurer les dérapages économiques et sociaux, incite les puissances étrangères à imposer le futur chef de l’Etat. Alors que la désignation d’une Assemblée nationale constituante, à l’inverse, permettrait à l’Algérie de repartir sur de saines bases. Pour rappel, le plan économique adopté l’été dernier par le gouvernement ne cesse de se faire tailler en pièce, par le FMI notamment, et la flambée des prix ne cesse d’éroder le pouvoir d’achat des ménages. Qui pourraient réclamer, de manière plus virulente, de profonds changements.

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