« Le peuple syrien a désespérément besoin que chacun se concentre sur son bien-être maintenant » a dit lundi Geir Pedersen.
La Syrie court un « risque élevé » de ne pas pouvoir contenir la pandémie de Covid-19, a déclaré lundi l’envoyé spécial des Nations unies (ONU) pour le pays, réitérant les appels à un « cessez-le-feu national complet et immédiat » pour permettre un effort total afin de contrer la marche du nouveau coronavirus.
« Nous avons besoin d’une période de calme durable comme seul le garantirait un cessez-le-feu national, car nous avons besoin d’une coopération sur les lignes de front qui sillonnent le territoire syrien. Et cela n’est pas nécessaire demain, mais maintenant », a déclaré Geir Pedersen lors d’une vidéoconférence avec les membres du Conseil de sécurité.
Des années de conflit ont dégradé ou détruit le système de santé, a souligné l’envoyé de l’ONU, soulignant que le virus se moque de savoir si vous vivez dans des zones contrôlées par le gouvernement ou en dehors. « Il met en danger tous les Syriens », a-t-il dit.
Compte tenu des mouvements de population à grande échelle, des conditions dangereusement exiguës dans les multiples camps de personnes déplacées, des installations informelles et des lieux de détention, il a exprimé sa préoccupation quant au fait que « la Syrie risque fort de ne pas être en mesure de contenir la pandémie ».
« Communautés vulnérables »
Depuis le 1er décembre dernier et la reprise des combats entre l’armée syrienne, épaulée par l’aviation syrienne, et les rebelles et djihadistes retranchés dans la dernière poche de résistance du pays, à Idlib (nord-ouest), un million de personnes ont dû fuir leur foyer. Des Syriens dans le dénuement le plus total, manquant souvent d’eau potable et de nourriture, que les organisations humanitaires peinent à aider.
Le sous-secrétaire général de l’ONU aux Affaires humanitaires, Mark Lowcock, a déclaré aux membres du Conseil de sécurité qu’en date de lundi matin, dix cas de Covid-19 avaient été confirmés en Syrie, dont un décès. « Il s’agit seulement de la partie émergée de l’iceberg, a-t-il précisé, le virus pouvant avoir un impact dévastateur sur les communautés vulnérables à travers le pays ».
Selon Geir Pedersen, une gouvernance syrienne faible ou absente, un système de santé vidé de sa substance et des pénuries de professionnels de la santé, d’équipements et de fournitures médicales ne font qu’aggraver la crise syrienne.
Notant que les accords dans le nord-est continuent de tenir dans l’ensemble, l’envoyé onusien a soutenu que les arrangements actuels sont loin d’être idéaux pour la réponse de première ligne exigée par l’épidémie de Covid-19.
« Règlement politique en Syrie »
M. Pedersen s’est dès lors dit prêt à travailler avec le gouvernement syrien, l’opposition, tous les acteurs concernés sur le terrain et les principaux pays influents, pour soutenir une intensification des actions afin de garantir le maintien du cessez-le-feu.
« Ce ne sera pas facile et il n’y a pas de garanties, a-t-il déclaré, mais le peuple syrien a désespérément besoin que chacun se concentre sur son bien-être maintenant ». Il a conclu son intervention en disant son espoir de voir tout le monde « travailler d’urgence dans un effort commun » sur le dossier.
« Cela contribuerait certainement à l’effort sur la voie politique pour mettre en œuvre la résolution 2254 du Conseil de sécurité, qui appelle à un cessez-le-feu et à un règlement politique en Syrie », a-t-il rappelé. « La seule façon d’avancer » selon lui.
Ce mois-ci, le conflit en Syrie est entré dans sa dixième année. Et Mark Lowcock, par ailleurs chef des secours de l’ONU, a souligné qu’au cours des neuf dernières années, la moitié de la population a été forcée de fuir son foyer. Et que désormais, plus de 11 millions de personnes à l’intérieur de la Syrie ont besoin d’une aide humanitaire, dont près de cinq millions d’enfants.
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Crédits photo : Khalil Ashawi/Reuters
