« La Somalie continue d’être caractérisée par des flux migratoires »

En 2018, l’OIM a aidé quelque 7 414 migrants en Libye à retourner dans leur pays d’origine.

Après plusieurs mois d’enfermement dans des centres de détention en Libye, 150 migrants venus de Somalie sont retournés dans leur pays d’origine, hier. Et l’émotion était palpable. « Je n’arrive pas à trouver les mots justes pour expliquer l’angoisse que j’ai vécue en Libye. C’était une situation difficile et j’ai été détenu pendant longtemps », a déclaré Mahad Abdullahi Hassan, peu après l’atterrissage de l’avion affrété par l’Agence des Nations unies (ONU) pour les migrations (OIM), à l’aéroport de Mogadiscio, la capitale somalienne. « Enfin, j’ai été libéré et je suis retourné dans mon pays d’origine » a-t-il ajouté, après avoir été reçu par le personnel des autorités somaliennes, de l’OIM et du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

« Réintégration durable »

Les rapatriés avaient été arrêtés par les autorités libyennes, d’après un communiqué de l’OIM, alors qu’ils tentaient de traverser la Méditerranée vers l’Europe, la plupart d’entre eux étant détenus dans des centres gérés par le gouvernement depuis des mois. L’Agence a suivi plus de 660 000 migrants en Libye, où ils sont exposés à de nombreux risques, notamment le trafic illicite, la traite, l’enlèvement, les mauvais traitements, la détention et la torture. Quant au nombre réel de migrants, il pourrait être proche du million de personnes. En collaboration avec le gouvernement fédéral somalien, l’OIM et le HCR superviseront leur réinstallation et leur réintégration dans le pays.

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« Le HCR fournit immédiatement des transferts en espèces pour les six prochains mois, ainsi que d’autres formes de soutien, et l’OIM cherche à obtenir un soutien à la réintégration davantage axé sur les besoins à long terme, y compris la formation professionnelle, la santé, le soutien aux entreprises, le soutien psychosocial – quels que soient leurs besoins, nous essayons de les aider vers une réintégration durable », a ainsi déclaré Mark Lewis, un fonctionnaire du Bureau d’appui de l’OIM pour la Somalie. Quant aux autorités somaliennes, d’après l’Agence onusienne, elles ont de leur côté parfaitement rempli leur rôle d’accueil de leurs ressortissants. Et sont enclines à les aider du mieux qu’elles le pourront.

« Situation terrible »

« Nous sommes très heureux d’avoir pu aider ces garçons parce qu’ils traversent une période très difficile en Libye. Les contrebandiers demandent beaucoup d’argent, ils sont kidnappés, ils sont battus. Ils sont exposés à beaucoup de harcèlement et d’abus – rien à boire, rien à manger » a déclaré le docteur Ali Said Faqi, ambassadeur de Somalie auprès de l’Union européenne (UE), présent hier pour accueillir les personnes rapatriées. Qui ont, dès leur arrivée, fait vérifier leurs papiers et été examinées par des médecins. La « situation terrible » qu’elles ont eu à affronter, selon M. Said Faqi, doit se « terminer le plus vite possible […] pas seulement pour les Somaliens, mais pour tous les Africains ».

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Le retour d’hier, à Mogadiscio, est le quatrième et plus important convoi humanitaire volontaire de migrants entre la Libye et la Somalie ; l’OIM avait effectué un premier trajet en février dernier et, jusqu’à présent, en 2018, l’Agence a aidé quelque 7 414 migrants en Libye à retourner dans leur pays d’origine. Qui s’ajoutent donc aux 19 371 personnes rapatriées volontairement l’an dernier. « Tous les migrants que l’OIM aide au retour de Libye se voient offrir une assistance à la réintégration, en fonction de leur vulnérabilité » a-t-elle précisé dans son communiqué. Et si d’autres pays africains – subsahariens notamment – sont touchés par ces vagues, « la Somalie continue d’être caractérisée par des flux migratoires » renseigne également l’Agence.

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